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Les textes primés du deuxième concours littéraire Jules Verne

vendredi 1er juin 2018, par Catherine Segers.

Thème : « Le 15 juillet 1891, le voilier Emma, chargé de sel, quitte le port de Cadix, en Espagne. À son bord, deux Domfrontais : l’aventurier Eugène Lelouvier et le scientifique Auguste Chevalier. Au large de la Martinique, le voilier fait naufrage. Lelouvier et Chevalier tombent à l’eau. Dans la Mer des Antilles, accrochés à l’un des mâts du navire, ils finissent par échouer sur une île encore non identifiée par les géographes.

Recouverte d’une végétation tropicale, cette terre mystérieuse est peuplée d’animaux étranges et surtout elle est encore habitée par une civilisation que l’on croyait disparue depuis des siècles. Les deux Normands seront-ils bien accueillis par ce peuple étonné de les voir arriver ? »

1^er Prix : Célia Moisseron et Agathe Lemercier - Prix de la Société des Écrivains Normands

LA CIVILISATION CACHÉE

	« Aïe ma tête ! », j’ouvris un œil que je refermai aussitôt, je ne m'attendais pas à voir autant de lumière. Je me souvenais m'être endormi dans la cale, où il n'y avait pas de lumière normalement ! « Oh non j'ai peur de comprendre ! » Je rouvris les yeux et ma crainte devint réalité, le voilier s'était échoué ! « Penser à Eugène, où est-il ? » Je l'aperçus, il était étalé sur la plage à une vingtaine de mètres de moi, je me relevai vite et retombai de suite, ma tête me faisait si mal que je n'arrivais plus à  penser, je voyais trouble je sentais que j’allais m'évanouir...
	C'était la nuit mais le jour pointait le bout de son nez, j'avais l'impression d'avoir rêvé comme si je n'étais plus sur le bateau mais, vu l'obscurité, ce n'était sûrement qu'une illusion, je me retournai et je vis une lueur à quelques pas de moi, j’entendis une voix : « Ah tu es enfin réveillé ! Comment vas-tu ? J'ai allumé un feu avec le bois du bateau, je sais ce n'est pas l'idéal car il est encore un peu mouillé mais c'est assez pour nous réchauffer. J'attendais que tu te réveilles pour venir avec moi explorer l'île, histoire de trouver à manger, tu vas sûrement trouver quelque chose de comestible. ». Je n'avais jamais apprécié quand Eugène partait dans ses monologues explicatifs interminables, mais là ça me rassurais de ne pas me retrouver seul au milieu de nulle part.
	Il fallait maintenant que je me lève, ma tête me faisait encore atrocement mal mais je ne l’avais pas dit à Eugène pour ne pas l’affoler, et puis la faim me tiraillait tellement que je me résignai à le rejoindre pour aller chercher à manger. La plage me semblait être une parfaite idée pour commencer. Nous étions partis chacun de notre côté, moi vers l'Est et Eugène vers l'Ouest. Après un quart d’heure de marche, je n'avais toujours rien trouvé, je décidai donc de rebrousser chemin et de prendre toutes les brindilles sur mon passage pour pouvoir alimenter le feu. A mon retour, Eugène était déjà là avec une seule noix de coco, c'était un maigre butin mais cela suffirait à nous nourrir pour le moment. Le problème étant était que nous n'avions rien pour l’ouvrir, nous nous mettions à la recherche d' une pierre assez pointue pour la casser ce qui n'était pas chose aisée ; j’avais enfin fini par en trouver une et Eugène avait eu l'excellente idée de mettre une grande feuille d'arbre qui ressemblait à s'y méprendre à des feuilles d'érable, afin de récupérer l'eau de coco et grâce à ça nous avions pu nous désaltérer, et en faisant griller  la noix de coco, atténuer notre faim.
	Le soleil était à son zénith, nous étions donc aux alentours de midi, la chaleur commençait à être insoutenable, nous allâmes nous réfugier dans la jungle avec pour espoir d'y trouver une source d'eau. J’espérais trouver de nouvelles plantes, comme cela ce naufrage aurait eu pour mérite de faire avancer la botanique. J'invitai Eugène à me suivre, nous avancions peu à peu dans cette véritable forêt vierge, Eugène ne me paraissait pas intéressé par la beauté que nous offrait cette faune et cette flore très diversifiées, quant à moi j'avais l'impression d'être au paradis ! Des fruits aux couleurs magnifiques et aux parfums si doux m’environnaient, c'est à ce moment précis que je me rendis compte que je ne connaissais pas toutes les plantes sur Terre et que personne ne pourrait jamais toutes les répertorier.
	Eugène en voyant toute cette nourriture me paraissait tout de suite beaucoup plus intéressé, je le vis cueillir un fruit rouge de forme étrange et de peau parfaitement lisse, je ne pensais pas qu'il allait le manger mais si, il le porta à sa bouche et au moment même où je m’étais écrié pour empêcher l’irréparable, il engloutit le fruit. Eugène s’apprêtait à me dire quelque chose, mais il commençait à ne plus bouger, tout d'abord le visage puis, petit à petit, tout le corps se paralysa jusqu'à ce qu'Eugène tombe comme une masse. « Ne bouge pas Eugène j'arrive », au moment où je prononçai ces mots je me rendis compte de l'absurdité de cette phrase car il était paralysé et par conséquent il ne pouvait pas bouger !
	La priorité maintenant était de trouver de l'aide pour pouvoir sauver Eugène. J'espérai trouver une civilisation sur cette île. « C'est vraiment bête, l’aventurier ici c'est Eugène il aurait su lui comment faire pour chercher quelqu'un, il aurait su que faire, par où chercher et comment se faire repérer. Mais il ne faut pas céder à la panique ». Je décidai donc d’emmener Eugène dans une grotte pour le mettre à l'abri et de réfléchir posément après. Je marchai pendant une bonne demi-heure avant de trouver enfin un endroit abrité. Je décidai de me poser, je ne pouvais rien faire pour le moment, j'installai Eugène le plus confortablement possible avec la mousse et les feuilles de tamarinier que j'avais trouvé, je m’étais fait le même lit à côté et j’avais dit à Eugène que j’allais dormir pour reprendre des forces avant d'allumer un feu et de chercher à manger, je lus dans son regard la peur et en même temps il cligna des yeux pour me dire qu'il était d'accord. Chose étrange la paralysie n'avait pas affecté ses yeux.
	Quand je me réveillai la première chose que je vis était une paire d'yeux bleu cyan au contour de pupille jaune absolument magnifique posés sur moi. Ce regard envoûtant ne me procurait aucune peur, mais plutôt de l’émerveillement. La personne à qui appartenaient ces yeux magnifiques était une jeune fille de notre âge, elle était d’une beauté inégalable. Elle se recula doucement et me fit signe de me lever. Je vis alors derrière moi un véritable festin, des fruits de toutes sortes étaient posés sur des feuilles de cocotier autour d’un feu. Elle me fit comprendre qu’elle avait donné à boire de l’eau de coco à Eugène. J'étais rassuré, cette jeune fille appartenait sûrement au peuple de cette île, ils avaient l’air d’avoir le sens de l’hospitalité. « Ils auront peut-être de quoi soigner Eugène ». Je mangeais le plus que je pouvais, j’avais tellement faim !
	Après mon repas copieux, la jeune fille, que je décidai d’appeler Azul pour ses beaux yeux, s’installa et commença à tresser des feuilles entre elles, elle semblait me demander quelque chose que je ne compris pas tout de suite. Puis elle me montra les brindilles du feu et elle écarta les bras, je compris qu’elle voulait que j’aille chercher de grands bouts de bois. Je m’exécutai, et ramenai deux grandes branches de deux mètres de longs environ. Azul avait tressé un large tissu, elle prit une branche, enleva les feuilles et les petites branches autour, je fis de même avec ma branche et je compris enfin qu’elle voulait faire un brancard pour porter plus facilement Eugène.
	Après avoir fini notre brancard et installé Eugène du mieux qu’on pouvait, nous décidâmes de nous mettre en marche. Elle devant, moi derrière, elle me guidait dans cette immense jungle. J’y découvris encore d’autres plantes, beaucoup m'étaient inconnues, mais certaines fleurs par exemple, ressemblaient à des balisiers ou des heliconias, ou encore je vis des fleurs proches des guzmanias. Dans les arbres, je vis des fruits ressemblant aux goyaves. Je pus aussi voir toutes sortes d’animaux aux couleurs verdoyantes, pleins de petits colibris de plumages différentes, ainsi que des perroquets, des aras, des toucans ou des serins jaunes. Tous ces oiseaux ne portaient peut-être pas ses noms mais leurs couleurs, leurs chants et leurs grandeurs me faisaient dire qu’ils étaient de la même famille que toutes ces espèces connues. Il y avait aussi énormément de papillons de formes et de de couleurs différentes.
	Après deux bonnes heures de marche, nous arrivâmes enfin devant un village. Des enfants nous accueillirent, ils parlaient un dialecte que je ne comprenais pas, Azul les calma et leur demanda sûrement d’aller chercher quelqu’un ou tout simplement de partir. Les hommes et les femmes étaient tous habillés avec de longues tuniques blanches, ils avaient tous les mêmes yeux qu’Azul. Ils parlaient entre eux soit avec le dialecte, soit en langage des signes, je trouvais tout à fait fascinant la vitesse à laquelle ils allaient, c’était très joli et en même temps très impressionnant. Nous pénétrâmes dans une habitation qui semblait être celle du chef. A peine arrivée, Azul déposa Eugène et se jeta dans les bras de l’homme assis sur un tatami. C’était une personne d’un âge mûr, il portait une barbe blanche et avait la même tenue que les autres personnes du village. Je supposai que c’était son père. Azul lui expliqua qu’Eugène était paralysé, je le devinai aux mouvements qu’elle faisait vers Eugène. Je compris que le père d’Azul, qui était sûrement le chef du village, savait comment faire pour le guérir. Il appela les enfants qui m’entraînèrent avec eux pour me faire visiter le village. Je les suivis sans crainte pour Eugène, je sentais que je pouvais faire confiance aux personnes de ce village.
	Je découvris que chaque maison, donc chaque famille avaient un rôle bien précis dans le village, une famille était chargée de la pêche, une autre de la cueillette, une autre de tisser pour les paniers, une encore pour fabriquer les vêtements. Tout était très bien organisé. Je remarquai qu’il n’y avait ni toilette ni endroit où se laver dans les maisons. Les enfants m’emmenèrent alors dans un coin du village où se trouvaient d’importantes réserves d’eau, et des sortes de cases pour se laver et d’autres pour faire ses besoins. Les enfants me montrèrent que les gens du village avaient instauré un système pour enlever le sel de l’eau, et aussi pour récupérer les selles afin d’enrichir leurs terres de culture.
	Je retournai auprès d'Eugène et découvris qu'il dormait paisiblement. Azul m'expliqua en dessin qu'Eugène allait dormir pendant quelques jours et qu'il resterait fatigué pendant un long moment, mais qu'il ne fallait pas s’inquiéter. Eugène allait guérir, c'était le principal, je ne me faisais pas de soucis, j'avais confiance en eux. Ensuite le père d'Azul me demanda pourquoi nous étions sur leur île, j'essayais de faire un dessin mais je n'avais pas les talents d'Eugène, mon dessin de naufrage ressemblait à un dessin d'enfant de trois ans, heureusement qu'Eugène dormait. « Il se serait encore moqué de moi ». Le chef du village avait dû comprendre mon dessin car il commençait à dessiner des personnes qui marchaient vers un bateau, il dessina ensuite des outils, un bateau cassé puis un bateau entier. Je compris qu'il voulait réparer le voilier. Je ne savais que penser, j'avais très envie de rentrer chez moi pour retrouver ma famille, mais en même temps cette île était fascinante, les gens étaient adorables, et il y avait tellement de nouvelles plantes, de nouvelles espèces à découvrir que j'avais envie de rester ici encore quelques temps.
	Quelques jours plus tard, Eugène était de nouveau sur pieds, je lui avais demandé de dessiner les plantes et les animaux que je ne connaissais pas. Il le faisait tellement bien, il n'avait pas pu dessiner pendant plus d'une semaine, j'avais l'impression que ça lui avait tellement manqué, il dessinait avec encore plus d'assiduité que d'habitude. Pendant qu'Eugène dessinait, moi et les gens du village réparions le bateau. J'aimais bien ces moments où nous étions tous ensemble, les enfants m'apprenaient le langage des signes, je trouvais ça amusant, ils me montraient un objet puis le signe qui correspondait. J'apprenais très vite car je trouvais ça très intéressant.
	La réparation du bateau avançait rapidement, je n'avais pas envie de partir, je m'étais attaché aux gens d'ici. Je pouvais maintenant comprendre quasiment toutes les conversations. Eugène aussi avait l'air de se plaire ici. « Je crois qu'il apprécie surtout la compagnie des enfants du village ». Il y avait aussi un petit garçon, Ace, qui était très intéressé par les dessins d'Eugène, il voulait apprendre à dessiner comme Eugène, je trouvais qu'il dessinait bien, en tout cas toujours mieux que moi. Moi je m'étais attaché à Azul, je l'appréciais beaucoup, toute sa famille était très sympathique, ils nous avaient comme adoptés.
	Un soir alors que nous étions sur la plage avec Eugène, Azul et Ace, Azul commença à nous expliquer que nous ne pourrions pas rester là indéfiniment, qu'il faudrait partir avec notre voilier qui était maintenant réparé. Je voyais bien qu'Ace était mal à l'aise, il était dans les bras d'Eugène, lui qui nous interrogeait si souvent sur nos vies et sur notre pays, ne disait rien. Azul continua de nous parler, elle signait si vite que nous avions du mal à comprendre, elle s'excusait, elle nous disait qu'elle ne voulait pas mais qu'ils étaient obligés et qu'il ne fallait pas leur en vouloir. Eugène et moi ne comprenions pas tout ce qu'elle disait, nous lui demandâmes de quoi elle parlait, elle nous répondit qu'elle ne pouvait pas nous dire. Après cela, elle nous prit tous les deux dans ses bras, tour à tour puis elle nous dit qu'il fallait aller dormir, nous dîmes au revoir à Ace, j'eus l'impression qu'il avait les yeux brillants, mais ce devait être une illusion due à la fatigue. Nous allâmes souhaiter bonne nuit à la famille d'Azul, puis partîmes nous coucher.
	J'avais la tête lourde, j'avais l'impression que la terre tanguait, je m'étais dit que je devais rêver, j'ouvris mes yeux et je vis que je me trouvais dans la cale du bateau, je me levai précipitamment, je sortis sur le pont et je ne trouvai qu'une étendue de mer partout, plus de terre, plus d'île. Je courus chercher Eugène, je le retrouvai sur son lit en train de regarder des dessins, je reconnaissais le style d'Ace, il me les montra, je les regardai, c'était des dessins de nous deux assis sur la plage, puis un autre dessin de la famille d'Azul, puis un plan pour nous indiquer comment rentrer chez nous. A ce moment précis, je compris, tout ce que voulait nous dire Azul la veille, on nous avait renvoyés chez nous. Je ne comprenais pas, qu'avions nous fait pour qu'ils nous chassent ? Nous n’avions pourtant pas été ingrats envers eux. Je regardai Eugène et je pouvais lire la peine dans ses yeux.
	Des années plus tard, les souvenirs s'effacent, et je me dis peut-être est-ce Eugène qui a créé  les dessins à partir de son imagination. Je me demande parfois si je n'ai pas rêvé tout ça, peut-être était-ce un rêve commun avec Eugène, c'est possible, ça arrive parfois.

2^e Prix : Tiffanie Hamelin - Prix de la ville de Domfront

LES DOMFRONTAIS AU BOUT DU MONDE

	En ouvrant les yeux, je n'arrivai à me souvenir que de quelques débris de ce qu'il s'était passé, je sentais le sable chaud sur mon visage quand soudain, je me souvins du naufrage d'Emma, ainsi que du visage de mon ami, Eugène Lelouvier. Quand je réussis enfin à me lever, le soleil m'éblouissait et je voyais Eugène se lever et venir vers moi. Nous constatâmes qu’Emma, notre bateau, avait été fracassé par les rochers en s'approchant du bord.
	Nous décidâmes donc de partir en excursion pour trouver du bois pour construire une barque qui nous permettrait de rentrer chez nous. Sur le chemin, Eugène me répétait sans cesse que sur sa carte, qu'il gardait toujours précieusement dans sa poche, aucune île dans les environs des côtes martiniquaises où le naufrage a eu lieu, n'était indiquée. Alors étions-nous sur une île encore non identifiée par les géographes ? Nous continuâmes à avancer sur cette île, je balayais du regard toute la végétation que je n'avais jamais vu nulle part ailleurs. Des feuillages larges en forme de cœur rouge et blanc avaient une emprise sur tout le chemin, des fleurs formant des boules de laine accompagnées d'une odeur délicate et prononcée, tout ça formait un ensemble harmonieux et si paradisiaque ! Tellement de variétés différentes que j'aurais aimé tout ramener pour les étudier. De là, nous aperçûmes des bananiers et cocotiers, alors, puisque notre départ n'est pas déterminé avec Eugène, nous grimpâmes chercher de quoi nous nourrir. Après notre course, nous continuâmes notre chemin et découvrîmes beaucoup d'animaux sauvages autour d'un magnifique arbre sûrement centenaire. Il nous recouvrait, de sorte que nous n’apercevions plus le ciel mais juste de fines lamelles de lumières qui perçaient son feuillage dense et qui amenaient une ambiance très zen. Alors nous aperçûmes un toucan, un animal au pelage étincelant bicolore au large bec, posé sur une branche de l'arbre, mais mon regard se porta immédiatement sur un palonger volant, vous savez ce genre d’écureuil volant qui grâce à ses ailes de chauves-souris arrive à planer dans les airs tel un oiseau.
	Après avoir marché dans l’île pendant plus de deux heures, la douleur que nos pieds nous faisait ressentir nous obligea à nous arrêter dans un endroit splendide surmonté d'une magnifique cascade. Son eau était si claire que l'on pouvait voir les poissons qui se promenaient dans la large piscine naturelle. Le mélange de l'eau et de la lumière donnait lieu à un arc en ciel si proche de nous que l'on pouvait presque le toucher. Le bruit apaisant de l'eau arrivant dans la source finale nous invita à contempler le paysage alentour. Malheureusement, nos yeux se fermèrent, nous laissant dans des rêves profonds. Jusqu'au moment où en ouvrant les yeux des pointes nous approchèrent de très près. Mon cœur palpitait de peur et Eugène commençait à s’angoisser. Des hommes ? Une civilisation ancienne ? Ils nous embarquèrent avec tellement de force que je ressentis une douleur dans le bras comme si quelque chose me déchirait les membres. Ils nous attachèrent à un rondin de bois jusqu'à leur camp. Le chemin était rempli d’embûches, des pièges un peu partout leurs permettaient de ne pas être dérangés par des visiteurs.
	Nous arrivâmes dans leur camps toujours attachés au rondin, les regards se tournèrent vers nous, quelle humiliation pour un homme d’être attaché!  L'histoire de cette civilisation ancienne me revint à l'esprit ...les Anasazis ! Ils étaient apparus en 1200 avant J.C. Mais comment était-ce possible qu'ils soient encore là ? Suite à des conflits internes violents, ils avaient été considérés comme disparus ! Quand je revins à la raison, j'observai autour de moi : les Anasazis s'habillaient avec des chemises en coton tissées, des fourrures ainsi que des sandales ou mocassins. Les femmes étaient équipées de bijoux en os, en bois et en corail, qu'elles faisaient elles-mêmes. Ils vivaient dans des hameaux en torchis et branchages. D’après ce que j'avais lu dans mon livre sur les civilisations anciennes, les Anasazis rendaient culte au dieu Kokopelli ainsi qu'aux kachinas, des esprits invisibles. Leur organisation sociale était égalitaire et le chef du groupe était une femme. Les hommes qui nous portaient marchaient au pas en se dirigeant vers un grand hameau. Je me concentrais sur le rythme des scandales qui tapaient contre le sol pour contenir mon stress. Avant d'entrer, les hommes nous détachèrent du rondin et nous plongèrent la tête dans un bac en bois sûrement pour être plus propres. Les mains attachées dans le dos, nous traversâmes la passerelle  qui nous séparait de la personne qui nous attendait.
	En rentrant, la grandeur du lieu me surpris et je compris directement que nous étions dans le logis du chef. Mon regard en balayant s’arrêta sur une magnifique  femme, habillée de façon élégante avec une robe rouge. Ses cheveux bruns étaient tressés avec des lierres. Nous comprenons que c’était la chef des Anasazis. Elle s’avança vers nous et d'un air sévère débuta « Bonjour étranger, que faites-vous sur notre île ? »
A ma surprise, elle parlait très bien français je ne pus m’empêcher de lui faire la remarque :
« Vous parlez français ?
- Oui, bien sur notre population parle le français, l'anglais et le portugais. Nos ancêtres avant de se rassembler en un groupe n’étaient pas tous de la même origine. Alors ils ont appris à se comprendre et ont éduqué leurs enfants pour qu'ils gardent la tradition et les connaissances qu'ils avaient. Mais maintenant, j'aimerais que vous répondiez à ma question !
- Nous étions à bord de notre voilier pour rejoindre la côte martiniquaise quand la mer a commencé à s'agiter. Nous nous sommes réveillés sur la plage à côté des restes de notre embarcation. Elle a dû en s'approchant de vos côtes se fracasser sur des rochers. Et maintenant nous aimerions rentrer chez nous, répondit Eugène.
- Je comprends votre situation mais je ne peux pas vous laissez partir, vous connaissez notre existence et je ne veux pas courir le risque que nos vies soient mises en danger par des hommes qui ravageraient tout ce que nous avons construit.
- Ne pourrions-nous pas trouver un compromis qui nous permettrez de repartir chez nous ? répondis-je.
- Bien sûr, voici ma proposition, vous pourriez rester plus longtemps pour apprendre à nos jeunes enfants la géographie, l'histoire de votre pays, l'art de la navigation et les secrets des plantes, ainsi dans six mois, si vous tenez cette promesse, vous pourrez rentrer chez vous.
- D'accord, nous acceptons votre proposition, moi je suis botaniste, voyageur et Eugène a voyagé dans le monde entier, nous sommes donc qualifiés pour leurs apprendre nos connaissances », répondis-je avec le consentement d’Eugène.
Après cette conversation, nous restâmes avec la chef pour parler de plantes, d'animaux, et plusieurs autres choses. Les serviteurs, nous emmenèrent ensuite dans les hameaux dans lesquelles nous dormirions pendant les six mois à venir.
	Les jours passèrent, les enfants apprenaient très vite sans difficultés, à notre grande surprise. Nous commencions de plus en plus à nous intégrer dans cette tribu avec laquelle nous passions de bons moments. Les six mois arrivèrent à leur fin, nous nous retrouvâmes comme promis auparavant dans le même logis, devant la même personne mais l'esprit était différent, plus ouvert à de nouvelles découvertes. Eh oui, la promesse avait été tenue, il ne nous restait plus qu’à rentrer chez nous, mais au moment où elle s’apprêtait à nous remercier et nous dire que nous pouvions partir, Eugène et moi avions l'envie de rester sur cette île avec toutes ces personnes qui nous avaient accueillis comme leur propre famille. Nous en avions déjà parlé avec Eugène et nous étions d'accord pour finir nos jours sur cette île mais encore fallait-il que la chef soit d'accord. Alors, je commençai à parler :
« Bonjour, tout d'abord, merci ! Merci pour cette opportunité et cette gentillesse qui nous a permis de vous découvrir comme jamais nous n'aurions découvert si nous n’étions pas restés ici pendant ces six mois. C’est pour cela que nous voudrions rester ici avec vous pour partager encore beaucoup de moment avec votre tribu. Si c'est possible bien évidemment.
- Oui, se serait avec grand plaisir que vous restiez ici avec nous », répondit-elle.
	Alors les années passèrent, Eugène se maria avec Yaïssa, une enseignante et moi, je restai seul. Chaque dimanche, les enfants de la tribu venaient nous voir pour écouter nos aventures et même s’ils les connaissaient déjà, il y avait toujours une petite étincelle dans leurs yeux, ce qui faisait chaud au cœur. Nous ne retournâmes en France, pour eux nous étions sûrement morts engloutis par la mer mais ce qu'ils ne savaient pas, c'est que nous avions rencontré des personnes et découvert des choses qu'en toute une vie, ils ne découvriront jamais.

3^e Prix : Alex Belloche et Kévin Guénanten - Prix du lycée Auguste Chevalier

C’était un jeudi ensoleillé, lendemain de la fête nationale française, Eugène Lelouvier et Auguste Chevalier embarquèrent à bord du voilier Emma chargé de sel. Les deux normands, heureux de partir ensemble à l’aventure, se remémoraient les souvenirs de leur enfance dans leur ville natale, Domfront, dans l’Orne. De son château jusqu’à ses rues médiévales, les deux hommes parlaient de leur vécu aux deux autres matelots présents sur le voilier, avec une certaine nostalgie. 
	Plusieurs semaines plus tard, alors que tout se passait bien sur la mer des Antilles, le navire heurta un rocher sur la côte de la Martinique, le voilier sombra rapidement, entraînant les deux matelots au fond de la mer. Eugène et Auguste, eux, survécurent miraculeusement au naufrage, se faisant ramener sur une plage, accrochés à l'un des mâts du navire. 
	Après quelques heures, les deux matelots s’échouèrent sur une île, ils reprirent leurs esprits tout doucement, puis, la peur et la tristesse les envahirent. Eugène s’effondra en larmes, les pleurs le gagnaient petit à petit, il pensait à toute sa famille, mais surtout à sa bien-aimée, Hélène. La peur de ne plus jamais la revoir le tenaillait. Mais il pleurait également ses deux compagnons, sûrement morts noyés dans l’accident. Auguste, également pris par ses sentiments, pensait très fort à sa femme qui était enceinte, il devait la retrouver après l’excursion en bateau pour la naissance de leur enfant. Il n’était pas deux minutes sans y penser, c’est pourquoi les pleurs et la déception le rongaient. Après ces douloureux moments, ils se mirent à marcher vagabondant sur cette plage déserte, sans savoir réellement où ils allaient, à la recherche d’aide, de vie humaine, ou même animale. Les deux compères ne mirent pas longtemps à comprendre qu'il n'étaient pas seuls sur cette île, plusieurs milliers de petites créatures sortirent du sable, en regardant bien, ils s'aperçurent que ces animaux n’étaient en fait que des copies des animaux existants dans le monde, mais en miniature, chevaux, bovins, éléphants... Tous couraient ensemble vers le Nord, comme s'ils voulaient leur indiquer le chemin. En plus de cela, une scène assez surréaliste se déroula devant leurs yeux, une poule géante, d'au moins deux mètres de haut, se mit à picorer un troupeau de mini-éléphants. Eugène et Auguste n'en croyaient pas leurs yeux, leur tête tournait, leurs jambes tremblaient et leur ventre gargouillait. Ils refusaient de croire ce qu'il venait de se passer, c'est pourquoi les deux Domfrontais, se croyant fous, se mirent à se claquer les joues pour essayer de revenir à la raison, en vain. Après plusieurs claques, leurs joues bien rouges, les deux hommes arrêtèrent puis se regardèrent. En un seul regard, ils comprirent qu'ils n'étaient pas fous, et que ce qui venait de se passer était la réalité. Eugène déclara alors :
	« Mais que faisons-nous là, Auguste?  
	- Je n'en sais pas plus que toi, répondit le botaniste.
	-  Devons-nous nous aventurer dans cette forêt là-bas ?
	- Oui, après ce qu'il vient de se passer sous nos yeux, cela m'étonnerait que quelqu'un vienne nous chercher pour l'instant, allons voir si cette forêt abrite une vie humaine, mais faisons attention, le danger est sûrement partout sur cette mystérieuse île. »
	L'explorateur, convaincu par les propos de son compagnon, hocha la tête de haut en bas pour lui exprimer son accord. 
	Ils marchèrent, longtemps, mais enfin, arrivèrent à la porte de la forêt. Ils aperçurent une grande pyramide à degrés au milieu des gigantesques arbres qui trônaient ici. Tous deux savaient que ces pyramides très célèbres étaient construites par les Mayas il y avait des milliers d'années. Du haut de ses dix-huit ans et de son mètre cinquante-neuf, Eugène Lelouvier s'étonna de la propreté de cette bâtisse. Alors qu'il avait seulement quinze ans, il avait étudié les monuments mayas à l'école nationale des Arts et Métiers, à Angers. Intrigué, il s'avança lentement vers cette pyramide qui paraissait alors inhabitée, Botaniste depuis sa tendre enfance, Auguste, lui, était intrigué par les magnifiques arbres qui entouraient ce temple, c'était des sapotilliers, ces arbres qu'utilisaient les mayas pour écrire leurs codes. Les deux aventuriers se laissèrent aller sans aucune crainte, émerveillés par tout ce qui n'avait auparavant jamais été découvert. Ils arrivèrent à la porte du temple, quand quelque chose effraya Eugène. En effet, un codex était déplié sur l'une des nombreuses pierres à l'entrée, mais ce n'était pas n'importe quel codex. Eugène s'écria :
	« Auguste, regarde ! Ce codex est exactement le même que celui qui repose à la Bibliothèque Nationale de France à Paris, il a été découvert en 1859 par le chercheur Léon de Rosny ! Il y a vraiment quelque chose qui m'échappe ». 
	Auguste resta alors bouche bée, comme s'il avait compris quelque chose, Eugène le bouscula pour le faire revenir à la raison. Auguste déclara alors :
	« Mon cher Eugène, cette accumulation de choses étranges me laissent penser que la civilisation Maya n'est pas éteinte, et si les Maya... » 
	L'aventurier le coupa net et rétorqua : 
	- « Es-tu tombé sur la tête ? C'est absolument impossible, il doit sûrement y avoir une autre explication ! »
	Sans même avoir réfléchi une seule seconde à une autre explication, les deux hommes se firent surprendre en se faisant encercler par de hommes armés d'arcs et de flèches, c'est ainsi que la supposition d’Auguste commençait petit à petit à gagner l'esprit d’Eugène. Les hommes se montraient alors de plus en plus menaçants, ils étaient peut-être une dizaine, mais les deux Domfrontais, emportés par leur courage et leur détermination, ripostaient à l'aide de morceaux de bois trouvés à même le sol. Les sauvages parlaient entre eux une langue alors jamais entendue par  Lelouvier et Chevalier qui se rendirent très peu de temps après. 
Les sauvages les mirent alors dans une cage puis les emmenèrent dans un village qui se situait derrière le temple, à quelques centaines de mètres. Auguste avoua pendant ce voyage en cage qu'il était pétrifié et que c'était la première fois de sa vie qu'il avait aussi peur, Eugène déclara également la même chose avant de se prendre un grand coup de bâton dans le cou, donné par un sauvage visiblement énervé de les voir discuter, Auguste cria alors pour réveiller son ami qui était inconscient, avant de se prendre le même coup de bâton et de sombrer dans l'inconscience. 
	Après plusieurs heures d'inconscience, les deux aventuriers se réveillèrent au milieu de la place du village attachés à une poutre. Ils savaient tous deux que s'ils n'expliquaient pas ce qu'il était arrivé, ils seraient sacrifiés, comme tout inconnu, esclave ou prisonnier. Plusieurs centaines de personnes se rassemblèrent autour d'eux. Hommes, femmes et enfants dansaient autour d'un gigantesque feu, ils s’arrêtèrent net lorsqu'un homme fit son apparition, tous s'agenouillèrent lors de son passage. Cet homme, grand et musclé, s'approchait des deux prisonniers en les fixant du regard. Il proclama plusieurs mots, sûrement dans leur langue, avant d’ordonner à ses hommes de détacher les prisonniers et de les emmener sur la plage. Plusieurs fois, les deux Domfrontais essayèrent de leur expliquer leur venue, en vain. Ils arrivèrent sur la plage, le peuple s'était rassemblé autour d'eux, Eugène comprit ce qui allait leur arriver, ils allaient procéder à une cardiectomie, c'est une technique rituelle de sacrifice humain qui consiste à extraire le cœur, encore palpitant, du sacrifié de sa cage thoracique à l'aide d'instruments en silex, lorsqu'il l’annonça à Auguste, les deux se mirent à verser des larmes, sachant que plus aucune solution n'était envisageable. Un court instant se passa, puis le chef de la tribu ordonna l'arrivée des hommes armés de couteaux ainsi que d'armes en silex. Ils commencèrent par Eugène, avant de procéder à la cardiectomie, ils décidèrent de le mutiler, Eugène se débattait toujours et de plus en plus fort, entraînant la colère de ses mutilateurs, l'un d'entre eux lui enfonça son couteau dans le bras droit, suivi peu de temps après par un autre coup dans le bras gauche, Eugène hurla si fort que des milliers d'oiseaux s'envolèrent de la forêt en direction des nuages. Auguste, lui, se bandait les yeux pour ne pas assister à cette scène abominable. Quand tout à coup, alors que les mutilateurs venaient tout juste d'enfoncer l'instrument en silex dans la chair d'Eugène, quelque chose d'extraordinaire se passa au dessus de leurs têtes, les oiseaux qui étaient partis il y a quelques instants tournaient dans le ciel, comme s'ils voulaient faire comprendre quelque chose. Petit à petit, ils se rassemblèrent pour former quelque chose d'abstrait, qui ressemblait vaguement à un homme ou une créature. Tout le monde se mit à genoux, même le chef de la tribu. C'était Ah Push, dieu de la mort dans la croyance Maya, il prononça quelques mots avant de disparaître, provoquant chez le peuple une sensation étrange puisque tout le monde lâcha son arme, puis le chef de la tribu détacha Eugène et Auguste, en leur montant du doigt le sable, sûrement pour leur faire comprendre qu'il fallait expliquer leur venue. Auguste prit alors un bâton qui traînait sur la plage puis se mit à dessiner un bateau en pleine tempête. Les Maya semblaient avoir compris qu'ils n'étaient pas venus ici pour les tuer, ils décidèrent alors de les aider à construire un radeau pour qu'ils puissent rejoindre leur terre. Pendant plusieurs jours, Maya et Normands cohabitaient sur cette terre pendant que le radeau prenait forme, ainsi grâce à ses connaissances de botaniste, Auguste arriva à créer un remède à base de plantes et soigna énormément de gens atteints par une maladie contagieuse qui sévissait de plus en plus sur l’île. Lelouvier, lui, s'amusait à leur apprendre quelques notes de musiques sur des instruments fabriqués à partir de bois et de liane. Mais le départ était venu pour les deux aventuriers, à la fois heureux de repartir vivant et de retrouver bientôt leur famille, mais aussi un petit peu triste de laisser ces gens dont ils s'étaient attachés durant leur périple. Eugène et Auguste leur avaient fait la promesse de ne rien raconter sur ce qu'ils avaient vécu ici. Pendant le voyage du retour, Auguste attribua un surnom à son ami Eugène qui en plus d'avoir déjà échapper à la mort il y avait quelques temps dans un naufrage sur les côtes de la Manche, échappa à celui-ci et fut sauvé par un dieu Maya ! Auguste le nomma « Trompe la mort ».

4^e Prix : Léa Thierry - Prix Créavenir du Crédit Mutuel

UN VOYAGE TUMULTUEUX

	Le 15 juillet 1891, le voilier Emma, chargé de sel, quitta le port de Cadix, en Espagne. A son bord deux Domfrontais : l'aventurier Eugène Lelouvier et le scientifique Auguste Chevalier. Au large de la Martinique le voilier fit naufrage suite à un ouragan. Lelouvier et Chevalier tombèrent à l'eau. Dans la mer des Antilles, accrochés sur l'un des mats du navire, ils finirent par échouer sur une île paradisiaque et non identifiée par les géographes des quatre coin du monde. 
	Eugène et Auguste se croyaient perdus au beau milieu de l’océan mais lorsqu’Eugène se retourna pour parler à son acolyte Auguste, il aperçut une île, qui semblait déserte donc parfaite pour les accueillir, le temps de reconstruire un nouveau voilier pour retourner en France. Eugène et Auguste se posèrent beaucoup de questions : cette île était-elle habitée par un peuple ? Pourquoi il y avait-il un récif autour de celle-ci ?... Eugène et Auguste, fatigués de leur long voyage, rassemblèrent leurs dernières forces pour passer le récif et ensuite arriver jusqu’à la plage.
	Quelques temps après leur arrivée sur l’île, les deux amis firent une brève visite de celle-ci. Ils étaient étonnés car des espèces animales rares, des arbres fruitiers et quelques plantations au sol envahissaient cette île paradisiaque et pour éviter les étrangers, comme ils l’avaient remarqués, un récif de coraux entourait celle-ci. Alors qu’ils avançaient dans l’île, des voix d’une langue étrangère se firent entendre et les deux amis se questionnèrent.
	En essayant d’attraper, perché en haut d’un arbre, un fruit exotique, Auguste se retourna et un homme d’une quarantaine d’années essaya de lui parler dans un langage étrange. Par différents moyens, Auguste essaya de communiquer avec lui mais avec la barrière de la langue se fut un échec. 
	Environ deux semaines après leur arrivée sur l’île, l’homme et les aventuriers avaient inventé un moyen de communication à base de différents symboles. Le soir même, autours d’un feu de camps, l'homme se présenta à Eugène et Auguste, les amis apprirent que l'homme en question était le chef de la tribu qui vivait dans ce paradis. Cette île se nomme Caral, c'est une île dont les Français ne soupçonnaient pas l'existence. Elle avait été anéantie par un tremblement de terre en -1800. Cette tribu parlait le Quechua, une lange inspirée du Grec antique. Au moment où le chef de la tribu se présentait, les deux aventuriers, chacun assis à côté d'une des jumelles du chef, l'écoutèrent attentivement. Il racontait qu'un beau jour d'été un tremblement de terre était arrivé, avait ravagé l’île et tué la quasi-totalité de la population. Les survivants avaient par la suite on fait preuve de beaucoup courage et énormément de patience afin de reconstruire une île paradisiaque, leur havre de paix.  
	Pendant que tout le monde dormait, Diana et Milène, les jumelles du chef, quittèrent leur lit pour aller discuter et en apprendre plus sur les aventuriers, qu'elles avaient trouvés plutôt gentils mais en même temps sacrément audacieux de rester sur leur île . Quelques jours plus tard, après avoir bien fait connaissance avec les filles du chef, c'est tout naturellement qu’Eugène se mit en couple avec Diana et Auguste avec Milène. Quelques jours plus tard, le chef fut mis au courant de ces liaisons et alla parler à Auguste et Eugène pour leurs montrer son mécontentement, car il était bien évident qu'il désapprouvait ces liaisons entre ses filles et ces étrangers. Quand il commença à parler, une dispute éclata sur l'île entre le chef et les aventuriers. Pour ne pas rester plus longtemps à cet endroit, l’après-midi même, Eugène et Auguste commencèrent la construction d'un nouveau voilier pour retourner en France le plus rapidement possible. La construction d'Emma 2.0, leur nouveau voilier dura plus d'une semaine. Après tant d'efforts, le soir venu, il était temps pour les aventuriers de s’échapper de cette île finalement pas si paradisiaque que cela. Après quelque heures de navigation calme, les deux amis s’assoupirent et commencèrent à s'endormir à l'avant du bateau, mais un ouragan se dirigea tout droit en direction de leur voilier. Alors que nos deux compères ne le virent pas s'approcher, celui-ci fit reculer leur voilier de plusieurs centaines de kilomètres pour finalement le briser sous le poids d'une énorme vague. Eugène et Auguste furent réveillés par la température glaciale de l'eau. Auguste dit à Eugène qu'il avait une impression de déjà vue et qu'il reconnut le récif de coraux. Eugène et Auguste se rapprochèrent à la nage de la plage. Ils se regardèrent dans les yeux et dirent en même temps: « C'est Caral ! », l’île qui les avait déjà accueillis lors de leur première péripétie. Cela ne leur déplaisait pas plus que ça car ils s'en étaient voulu d'être partis sans avoir dit au revoir aux filles du chef et d'être partis sans leur proposer de les accompagner en France  quand ils auraient reconstruit un nouveau voilier.
	Arrivés de nouveaux sur l'île, Diana aperçut deux hommes en train de nager qui ressemblaient aux aventuriers. Elle s'approcha, fronça les sourcils et s’écria : « Auguste ! Eugène ! ». Ils ne réalisèrent pas de suite que c'était Diana qui les appelait mais ils décidèrent tout de même de venir à sa rencontre. A peine les aventuriers arrivés sur l’île, Diana appela sa sœur et elles coururent dans leurs bras, heureuses de les revoir mais énervées qu'ils soient partis sans rien dire.
	De retour au village, et après concertation avec le chef de la tribu et multiples excuses, le chef de la tribu fut d’accord pour leur offrir son voilier construit de ses propre mains. Eugène et Auguste flattés par cette proposition acceptèrent ce présent. En contrepartie, malgré l’amour qu’ils éprouvaient envers les filles du chef, ils promirent de quitter l’île et de ne plus revoir Diana et Milène.
	Le lendemain, ils prirent la mer le cœur serré. Plusieurs semaines passèrent et le chef voyant ses filles tristes et sans voix, décida de reconstruire un nouveau navire afin de traverser l’océan avec ses filles pour chacune d’elles retrouve l’être aimé.
	Une fois l’océan traversé, ils arrivèrent au port du Havre, prirent une calèche pour arriver à Domfront. Ils furent émerveillés par tout ce qu’ils découvraient: une civilisation totalement différente de la leur avec une population ne parlant pas la même langue, portant des vêtements luxueux, des constructions modernes, des routes, une végétation moins luxuriante. La temps dans cet environnement semblait passer beaucoup plus vite. Après deux jours de voyage et de découvertes, ils retrouvèrent Eugène et Auguste à leur grand étonnement.

5^e Prix : Louise Bouchard - Prix de la famille Lelouvier

Je me réveillais et étais en mouvement. Le monde était à l’envers. Je voyais des arbres exotiques, je les reconnaissais, c’était des palmiers. J’en avais déjà aperçu en Afrique. Mais ma tête me faisait mal et  mes poignets aussi, mes chevilles étaient comme nouées. J’étais ballotté de droite à gauche et j’apercevais, devant moi, des hommes la tête en bas, ils étaient nus ou n’avaient que des feuilles autour de la taille, la peau plutôt noire et les cheveux longs. Mais où étais-je ? Je ne me rappelais plus... Ah si … J’étais sur un bateau pour l’Amérique, il avait du échoué, mais, où étaient les autres ? Il n’y avait tout de même pas que moi comme survivant. J’essayais de tourner la tête. Non, je rêvais, j’avais pris un coup sur la tête, pas lui, tout le monde mais pas cet homme. J’étais tourmenté par l’apparition de cet être brun, chétif, moustachu avec un reste de lunettes sur le bout du nez, qui ne tenait que  par chance. Je l’avais rencontré dans le bateau. Il était tellement empoté que tous les passagers parlaient de lui pour son ridicule. Nous nous étions croisés. Il s’était perdu, était désemparé et semblait si frivole. Avec mes amis, nous n’avions passé notre soirée qu’à se moquer de lui, en le voyant écrire dans son cahier, en parlant à ses plantes qu’il gardait toujours sur lui, comme un fou. Et il fallait que je me retrouve avec lui, sur les deux cents passagers, je survis avec lui. C’était exaspérant. Mais au moins, je comprenais pourquoi j’avais ces sensations, il était pendu à l’envers, à un long tronc d’arbre, il devait dormir ou il était mort, je ne savais pas. Je l’entendis ronfler. Il dormait. Mais que faisions nous ici, nous avions dû échouer, et être pris par une civilisation étrange. Ce qui m’inquiétait le plus, était ce qu’ils voulaient faire de nous. J’avais déjà vu des tribus semblables à celles-ci, et je craignais qu’elles soient cannibales. J’essayais de réveiller l’affolé, je ne me rappelais même plus de son nom.
	Nous arrivâmes dans une sorte de village avec des huttes en paille. Depuis quelques mètres, des villageois avaient commencé à crier ensemble.  À notre arrivée, des femmes et des enfants nous acclamèrent. Mais cela ne me rassurait pas, je ne savais pas pourquoi, mais j’avais un mauvais pressentiment. Il fût confirmé lorsque j’entrevis un feu, et deux morceaux de bois, fixés debout de façon à ce que l’on puisse mettre une broche. J’avais déjà échappé à la mort donc j’y était préparé. Elle ne me faisait pas peur, mais mourir lentement en souffrant, en cuisant, cela m’effrayait. L’autre fou, lui, ne bougeait pas. Je ne lui avais pas encore parlé, mais il m’énervait déjà. Enfin, on nous posa par terre. Mon compagnon se réveilla tout doucement, sans avoir l’air terrorisé, ou même juste effrayé. Les étrangers nous parlèrent, mais j’avouais qu’avec tout le bruit, j’eus du mal à comprendre ce qu’ils me disaient. Même si je parvins à assimiler quelques mots. Ils nous lâchèrent comme ça, puis nous laissèrent dans un coin sans se préoccuper de nous, accrochés comme des animaux. Mon compagnon, lui, commença à me parler :
« - Monsieur Lelouvier ?
-Oui. »
Je lui répondis, mais j’avais la tête ailleurs, je me préoccupais plus de me sortir de là, et n’avais vraiment pas envie de répondre à ses  questions « où est-ce que l’on est ? qu’est-ce que l’on fait là ? ». Cela me désespérait d’avance.
« - Comment ça va ?
- Et bien, ça pourrait être mieux, sachant que nous sommes prisonniers d’indigènes ! Lui dis-je d’un air peut-être méprisant.
-Des indigènes, que dites-vous ?
-Oui, je ne sais pas si vous avez remarqué, mais nous sommes ligotés à un mat de bateau qui était le nôtre avant d’avoir échoué.
-Mais que vont-ils faire de nous ?
-Eh bien, je ne sais pas, nous manger, nous tuer, nous torturer ! Qui sait ? Criai-je fou de rage.
-Cette situation est quelque peu embarrassante. Mais je suis Auguste-Chevalier, le célèbre botaniste, je vais trouver une solution. »
	Je levais les yeux au ciel, mais qu’il était sot ! Nous retombâmes dans le silence et je préférai ne pas lui répondre. Nous patientâmes comme cela, dans des positions très désagréables. Nous nous retrouvâmes seuls, les indiens éloignés. Quelques minutes plus tard, « Auguste » s’assoupit. C’était comme ça que le célèbre botaniste allait nous sauver ! Je réfléchis longtemps à une solution pour m’échapper, et si je sauverai ou non « l’Auguste ». Il pourrait être un éventuel inconvénient, dans une situation qui, je le pensais, n’allait pas être simple. Je réfléchissais, et lui dormait. Je ne savais ni le jour que nous étions, ni l’heure car ma montre était évidemment hors service. Quand, on vint nous chercher.
	Deux hommes indigènes nous décrochèrent et nous levèrent. Auguste, lui, leur parlait en leur disant de doser leur force. Ils gardèrent le visage fermé. Il faisait presque nuit maintenant. Nous arrivâmes, portés par les étrangers sur une sorte de place, où apparemment beaucoup de personnes nous attendaient, mais aussi la fameuse broche. Une cinquantaine, peut-être, d’enfants, de femmes et d’hommes nous regardaient avec des yeux affamés. Ce qui semblait être le roi ou le chef vint et nous parla. Je ne comprenais pas tout, mais parlant de nombreuses langues, j’arrivais à discerner quelques mots. Malheureusement, cela ressemblait à une prière remerciant les dieux pour leur avoir offert leur repas. Cela ne me disait rien qui vaille. J’essayai, dans leur langue, de leur implorer pitié mais tous rigolèrent. Puis, Auguste me chuchota à l’oreille :
« -Demandez-leur que fait la jeune femme, derrière, allongée. »
Non, mais il exagérait. On allait se faire cuire et manger. Et lui, voulait parler d’une belle fille qu’il venait de voir. Il reprit :
« -Eugène, demande leur, elle à l’air souffrante. »
Je leur demandai quitte à mourir autant qu’il soit satisfait. Moi, qui pensais qu’ils n’allaient même pas m’écouter, me trompais. Ils se turent d’un coup et eurent une discussion entre eux, tellement basse que je n’entendis rien. Le roi revint nous voir, et me demanda si nous avions des capacités dans la médecine. J’avais les yeux écarquillés, il allait peut-être nous sauver. Je leur répondis que mon compagnon était le meilleur médecin de notre pays (ce qui était complètement faux). Alors, il nous annonça qu’il nous donnait une semaine pour guérir sa fille, souffrante d’une maladie qui leur était inconnue. Si nous échouions, nous allions être d’abord torturés, puis cuits à feux doux et dégustés.
	Alors ils nous détachèrent. Auguste n’en revenait pas, moi non plus d’ailleurs, mais je le cachais, pour ne pas montrer qu’il nous avait sauvés.
Puis, nous avions le droit à des sortes de tipis, assez bien équipés, des servants à notre disposition et des gardes qui nous surveillaient. Je m’endormis alors songeur, en espérant qu’il était bien, comme il le disait un excellent botaniste.
	Un homme de leur tribu nous réveilla, il devait être très tôt car le jour n’était même pas levé, et nous étions au mois de Juillet. Auguste, lui, était très mal, il dormait debout. Je lui disais de se réveiller car je ne voulais pas être mangé et encore moins torturé. Nous nous dirigeâmes vers un autre tipi. Il y avait à l’intérieur, une femme aux longs cheveux bruns, les yeux clos, le teint pâle, les lèvres fines. Elle était magnifique. Je n’avais jamais vu, dans tous les pays que j’ai visité, un être d’une telle beauté. Elle se réveilla lentement mais avait l’air de souffrir. Le roi, arriva à son tour et embrassa sa fille. Il m’annonça que nous pouvions l’examiner, mais qu’il fallait y faire grandement attention. Alors, le botaniste avec  des cernes sous les yeux, me demanda si nous pouvions rester seuls avec cette magnifique femme. Je leur demandai, le roi n’avait pas l’air enjoué mais accepta. Auguste ne l’examina pas, mais lui posa des questions par mon intermédiaire. Elle avait une voix douce, même si elle était très faible. J’avais vraiment envie de sauver cette tribu, qui n’avait pas l’air si méchante que ça. Mon compagnon décida donc d’aller faire un tour pour trouver des fleurs ou des plantes qui pourraient être utiles. Il gardait un sang froid impressionnant. Jamais il n’avait l’air d’avoir peur même lorsque nous étions sur le point de rôtir. Nous nous promenâmes. Ce pays ressemblait fortement à l’Amazonie, qui est très verdoyant et plein de végétaux. Le botaniste était au paradis, il était très heureux malgré la fatigue qui se lisait sur son visage. Il courait de plantes en plantes, en me donnant le nom latin de ces fleurs, et criait qu’il ne l’avait jamais vu qu’elle était très rare, et même, certaines qui pensaient être disparues. Il ramassa donc une centaine de plantes différentes, mais très naturellement. Nous rentrâmes donc au village. Nous apprîmes que la princesse allait de plus en plus mal. Alors, nous fûmes bousculés pour trouver le remède rapidement. Je  pressais Auguste pour qu’il guérisse la femme. Je ne savais pas si c’était pour ne pas rôtir, être torturé, ou si la princesse me plaisait. Tout au long de la promenade, je pensais à elle,  elle m’avait complètement troublé. J’aurai été très malheureux qu’elle décède par ma faute. J’assistai Auguste pendant près de deux jours. J’allais lui chercher les plantes, l’eau. Il avait l’air confiant et me rassurait quant à la découverte du remède. Moi, je le croyais, mais j’espérais que cela soit avant qu’ils nous mangeraient car la princesse serait décédée. J’alternai donc entre le rôle d’assistant de Chevalier, et m’occupais de la princesse « Merioa », qui allait de moins en moins bien. Nous discutions de nos vies respectives et la vie en France l’intéressait fortement. Puis, lorsque j’étais avec elle, j’entendis un hurlement. J’eus peur, je sortis et je vis Auguste crier de joie et sauter en l’air. J’allai le voir et il me hurla qu’il avait trouvé le remède. Alors, nous courûmes voir le chef qui nous donna l’autorisation, de le faire boire à Merioa.
	Quelques semaines plus tard, Auguste et moi étions très bien intégrés. Et la vie, malgré le mal du pays, était plutôt belle. Je devais avouer que la chose qui me faisait aimer la vie là bas, n’était pas la pluie qui tombait continuellement, ni le fait de dormir à même le sol et ce qui me donnait un mal de dos affreux, encore moins la nourriture ; mais bien la présence de Merioa. C’est elle qui rendait la vie plus heureuse. Je ne me levais que pour aller la voir, pour discuter avec elle de choses et d’autres. Puis, un jour, je me lançais, j’allais voir le roi. J’allais lui demander l’autorisation de demander la main de sa fille. Oui, car je pensais bien que je finirai ma vie là bas. J’allai donc lui demander et il accepta à conditions de rester ici toute ma vie, même si l’occasion de partir se présenter. Alors, j’emmenais Merioa avec moi sur les hauteurs de l’île pour avoir une belle vue. Elle n’avait l’air de se douter de rien. Une fois arrivés là-haut, je me mis à genoux, ce qu’elle ne comprit pas aussitôt. Puis, d’une façon très gentleman je lui demandai. Elle fut réellement surprise, puis, un grand sourire s’afficha sur son visage. Elle me cria « oui » et m’enlaça. Notre moment de joie fut interrompu par un bruit sourd. Et je ne croyais pas ce que je voyais, un énorme bateau s’était arrêté, sur une île voisine. Je ne savais que faire. Auguste vint me chercher fou de joie. Je regardais Merioa qui avait les larmes aux yeux. Elle me regarda, je ne pouvais pas laisser cette occasion m’échapper. Alors je la suppliais de m’accompagner ce qu’elle refusa formellement. Je lui promis donc que je reviendrai la voir. Nous nous embrassâmes et je courus avec Auguste sur la plage. Nous fîmes un feu et les marins nous virent. C’est comme cela, qu’aujourd’hui, je vis à Paris, seul. J’ai essayé maintes fois de retrouver Merioa, mais, à plusieurs reprises je n’arrivais jamais à retrouver cette île qui semblait disparue.

6^e Prix : Cyllian Jouvencel

« Voyez-vous des survivants ? » s’exclama Auguste Chevalier.
	Son interlocuteur lui fit « non » suivi d’un vulgaire roulement de gorge pour éjecter cette eau salée avalée par maladresse et par frayeur. Ce dernier s’excusa et reprit :
	« Nous sommes donc les deux seuls à avoir survécu…
	- A priori oui, lui répondit Eugène Lelouvier, mais où sommes-nous ?  
	- Je ne sais point. »
	Auguste se retourna et explora le paysage, quant à Eugène, il examina avec minutie le sable. Celui-ci bougeait d’une manière particulière, comme si la plage subissait un tremblement du sol permanent. Pourtant les deux hommes ne ressentaient aucune vibration. Les grains de sable étaient en apesanteur et en mouvement comme des marées mais avec une douceur infinie. Quand soudain, le sable devint une énorme créature. Celle-ci possédait un corps aussi long qu’un autobus, une mâchoire pouvant, à vue de nez, déchiqueter une barque en un seul coup et elle était munie de dents ayant la taille d’un humain. Les deux explorateurs surpris prirent leur élan et coururent le plus rapidement qu’ils pouvaient en direction opposée. La bête féroce les coursa, excitée à la vue d’un nouveau déjeuner. Auguste aperçut au loin une grotte, il fit un geste insistant à Eugène pour qu'il le suive et ils s’enfoncèrent dans le lieu obscur. La bestiole étant grande de plus de sept mètres de long et pesant environ une tonne pouvait à peine y enfoncer ses narines. Alors il regarda de son œil gauche l’intérieur et il comprit qu’il devait laisser son « apéritif » et partir. Auguste fixa l’œil du monstre et eut un frisson qui l’immobilisa. Surpris de ces événements, Eugène s’exclama : « C’était quoi ça ! ». Auguste savait qu’il avait déjà vu cette espèce mais où ? Cela lui revint, il s’assit. Une goutte de sueur descendit de son visage, il maîtrisa ses émotions et dit :
     « Eugène ? J’ai déjà vu cette créature dans un livre, dans l’une des deux bibliothèques de la ville de mon enfance.
      - Et donc ? 
    - Il s’avère que ce monstre qui a failli nous tuer est un ancêtre du crocodile, son nom est le Razana.
  - Cela peut être compréhensible, l’animal est resté isolé sur cette île, il n’a donc pas pu se développer comme le crocodile que nous connaissons actuellement.
    - Le problème, Eugène, est que celui-ci devrait avoir disparu depuis environ 65 millions d’années.
    - Qu..quoi..QUOIII ?!
    - Vous m’avez compris, lors de la disparition des dinosaures, cette espèce, prions pour que soit la seule, a survécu. Si nous trouvons où nous sommes, et nous pouvons espérer la présence d'une vie humaine. Sortons d’ici. »
	Les deux hommes sortirent avec prudence et ils s’aventurèrent dans l’immense jungle surplombée par un volcan. Eugène le montra du doigt et proposa à Auguste d’aller tout en haut et avec de la chance ils pourraient voir si une île voisine serait accessible. Eugène était habitué à cette température ardente contrairement à Auguste qui, lui, ne la supportait point. Alors, quand ce dernier aperçut un lac, il prit son élan et courut vers cette eau. Eugène eut le réflexe de le rattraper par le bras ce qui stoppa Auguste net. Auguste vit le regard noir d'Eugène et lança un coup d’œil vers cette eau pure et il comprit rapidement qu'Eugène lui avait sauvé la vie. En effet, dans ce lac se trouvait des piranhas, ce dernier se serait fait déchiqueter les membres. Après ce sauvetage, les deux hommes continuèrent à marcher en croisant une multitude d’espèces plus étranges les unes que les autres. Des vélociraptors munis de pattes similaires aux jambes humaines, des parasaurolophus dont leur corne inclinée vers l’arrière stupéfia Eugène mais aussi des brachiosaures possédant un cou gigantesque. Parmi eux se trouvait une dizaine d’enfants. On les distinguait à peine car ils avaient une peau mate et des habits fait principalement grâce aux végétaux. Lelouvier s’approcha de l’un d’eux, le plus grand et c’était d'ailleurs celui qui paraissait le plus confiant, et lui demanda :
« Que faites-vous ici les enfants ? »
	Il lui répondit avec une prononciation approximative :
 « vo qué fite vo ici ? »
- Nous sommes naufragés! enchaîna Auguste.
- Den ce ka ne vanai po sur notre tirritoire comé cé céatires étranger, dit le jeune en les montrant du doigt.
- Vous parlez des dinosaures ? Mais attendez ! Vous êtes Maya ? »
En effet Eugène avait bien remarqué le symbole Maya sur l'un des boucliers d’un enfant. Les enfants surpris à la suite de ces dernières paroles, prirent peur et se mirent à courir. Le symbole reconnu était un visage aux pommettes fortes, muni de boucles d’oreilles et d’une couronne, tout ceci entouré de cercles et d’autres formes géométriques. Les deux hommes s’exclamèrent et reprirent leur chemin, surpris.
	La nuit tombée, ils s’arrêtèrent et firent un feu de camp près d’un petit ruisseau. Auguste, essayant de s’encourager soi-même dit à voix haute « nous arrivons dans environ un jour ! ». Le lendemain, ils arrivèrent enfin en haut du volcan. Auguste s’approcha et vit une trappe au bord du cratère.
« Où cette trappe peut-elle bien mener ?
-C’est étrange, aucun dinosaure ne peut être assez intelligent, se demanda Eugène.
-En effet, c’est étrange. Allons-y et nous trouverons sans doute une vie humaine. »
	Eugène descendit le premier avec prudence, Auguste le suivit. Il s’y trouvait des marches puis une échelle, les menant à une porte de bunker laissée entrouverte, ils la franchirent et les deux hommes se retrouvèrent face à une énorme machine dans une pièce remplie d’engins électroniques. Auguste s’en approcha, il pointa son doigt sur la porte de cet énorme cube quand soudain un homme intervint : « N’y touche pas si tu tiens à ta vie ! Ils se retournèrent et aperçurent un jeune enfant d’environ 13 ans, pointant une arme pouvant tirer un liquide bleuté. Sûrement une sorte d’acide.
	« Il y a dû avoir une faille dans le système, dit l’enfant.
                    ◦ Qui êtes-vous jeune homme, demanda Eugène.
                    ◦  Je m’appelle Marty 2.0, répondit le jeune. Marty ‘2.0‘ c’est étrange comme prénom, s’étonna Auguste.
- Je suis une autre version du Marty qu’il y aura dans votre monde en 1891, je viens d’une autre dimension, la 95ème  , contrairement à vous qui êtes dans la dimension 21 de la Terre.
- Quoi ? Il y aurait plusieurs dimensions ? C’est scientifiquement impossible…, marmonna Auguste.
- Eh si, d’ailleurs dans ma dimension nous avons ce qu’on appelle chez nous ‘un bloqueur de croissance’ cela nous permet de rester jeune aussi longtemps qu’on le souhaite mais je suis tombé, dedans lors de mon enfance, ce qui a bloqué ma croissance définitivement alors que j’aurais 50123 arbsi la nuit de Vénus.
- Wooh, à priori nous n’avons pas la même unité pour les années, ni celle des jours, dit Eugène en faisant mine de se toucher un bouc inexistant.
- C’est exact ce serait trop long de tout vous expliquer.
- Nous comprenons. Bien que cela soit attrayant, nous ne sommes pas venus sur cette île pour un cours d’astronomie, coupa Auguste avec un air fatigué.
- Vous avez raison, revenons au sujet principal. Il se pourrait que vous ayez amené ces dinosaures ? demanda Eugène.
- Ce n’est pas vraiment moi. Ils ont traversé sans le vouloir un portail spatio-temporel que j’ai dû laisser ouvert quand j’y suis allé, expliqua Marty.
- Ah ! Si tout part d’un petit oubli cela devrait être facile de les ramener 65 millions d’années plus tôt non ? supposa Auguste.
- Hum... Pas réellement, il faudrait quelque chose pour les attirer dans ce portail, ou quelqu’un ! » s’exclama Marty. 
	Marty leur tournant le dos se retourna avec un sourire en coin. Quelques minutes plus tard, Marty avait réussi à leur construire une sorte de pistolet avec une disquette sur le dos.
« Ce pistolet permet de vous déplacer dans le temps mais contrairement au mien, le vôtre permet de vous téléporter maximum deux heures en arrière et également deux heures dans le futur », leur expliqua Marty. Leur plan était établi, Eugène et Auguste servaient d’appât, l’inconvénient est que les deux hommes auraient dû attirer une par une ces différentes espèces alors Marty eut l’idée de ramener le prédateur le plus féroce qu’on puisse connaître : Le T-Rex. Il n’y en avait pas sur cette île. Les deux hommes s’étaient recouverts de morceaux de viandes pour attirer le T-Rex nommé pour rétablir l’ordre sur cette île. Le T-Rex se trouva face à eux, il était énorme et dégageait une puissance incomparable. Auguste et Eugène se retournèrent et ce fut le début de la course poursuite. Auguste commença par l’attirer, Eugène apprécia la prise d’initiative de ce dernier. Le voyant partir en courant, il disparut en utilisant le fameux pistolet et il atterrit trente minutes plus tard. Il aperçut Auguste épuisé. Eugène regarda derrière Auguste et il y avait un nombre incroyable d’espèces n’existant plus de nos jours. Eugène eut donc l’idée de prendre le relais et cria : «À mon tour les cocos ! Auguste ? Règle ton pistolet dans trente minutes et laisse-moi me charger d’eux. » Auguste s’exécuta. Pendant ce temps, Marty trouva avec difficulté le portail qu’il avait malencontreusement laissé ouvert, il envoya donc un message sur le pistolet des deux hommes. Ceux-ci virent « Nord-Ouest derrière le volcan », ils se dirigèrent donc vers cette direction. Eugène et Auguste se relayèrent chacun leur tour jusqu’au point de rendez-vous. Les deux hommes se retournèrent, dos au portail, et attendirent le dernier moment et quand soudain ils se téléportèrent quinze minutes plus tard. Tous les dinosaures, qu’on pouvait comparer à des vaches qu’on renvoie dans leur champ, traversèrent tous le portail sans exception.
« On a réussi ! » crièrent de joie les trois hommes Après ce long périple Marty proposa aux deux aventuriers de les ramener avant que leur voilier fasse naufrage, c’est-à-dire environ deux jours et six heures plus tôt. Ils acceptèrent en lui redonnant les pistolets et ils firent leurs adieux à Marty, l’homme qui, à la fois, avait failli les tuer mais qui les avait aussi sauvés. Eugène empêcha le naufrage en alertant le capitaine de la présence de l’énorme rocher, celui qui avait provoqué le fameux accident. Auguste et Eugène devinrent inséparables et liés à tout jamais.

7^e Prix : Jules Simier et Léa Manchon

Le temps était couvert, les mouettes piaillaient et les matelots se ruaient dans tous les sens afin d'embarquer au plus vite. La vie marine était mouvementée et semée d'embûches, il fallait tout prévoir, le moindre détail car le moindre problème pouvait vous être fatal. 
     Selon moi, le plus dur et surtout le plus angoissant était le départ, ce moment où vous sentiez le vent de la mer sur votre visage, l'odeur du sel et le sentiment de liberté et où vous saviez que vous n'alliez pas retrouver la terre ferme avant un bon bout de temps.

	La mer était calme, les vagues étaient pratiquement inexistantes, nous voguions depuis maintenant deux mois. Le but premier de cette expédition était de transporter une cargaison de sel. Nous venions du port de Cadix en Espagne et nous nous rendions à Nassau.
   Nous étions au large de la Martinique quand un bruit strident se fit entendre. Un bruit qui vous glaçait et vous immobilisait. Je ne saurais vous le décrire mais cela ressemblait à un hurlement de bête. Non, c'était bien pire que ça, cela ne ressemblait à rien de ce que j'avais pu voir de réel auparavant ; de couleur noire, aux yeux menaçants, la bouche déformée, nous avions en face de nous une créature démoniaque pour sûr ! J'avais déjà aperçu cette bête, mais seulement dans les livres de légendes et de mythes anciens, j'étais bien loin d'imaginer qu'une telle abomination pouvait exister et je ne me rappelais en aucun cas de son nom. 
   Elle était imposante et faisait le triple de la taille d'un homme. Elle se débattait et avait déjà fait des ravages dans l'équipage. Mais en faisant plus attention à son comportement, on voyait bien qu'elle ne nous voulait pas de mal, elle se défendait juste et je pense que son but était de détruire le bateau :

	Aujourd’hui même, je ne connais toujours pas les raisons qui ont poussé cette créature à nous attaquer, peut-être n'était-ce que pour défendre son territoire ? Tout ce que je sais, c'est que j'ai été poussé du bateau par un membre de l'équipage qui se précipitait pour se réfugier dans la cale.

     J'ai tout d'abord essayé de me débattre, afin de garder  la tête hors de l'eau, sans succès...  Sous l’eau, je vis mon existence défiler et j'eus le temps de  regretter certains choix que j'avais pu faire dans ma vie pendant les plusieurs secondes où je fus immergé.
	J’avais les poumons pris, et j’étais dans l’incapacité de respirer. J’étais pris de panique. Connaissez vous le sentiment de claustrophobie ? Eh bien c'est à peu près ce que je ressentis durant ces quelques instants. Puis, je fus tiré hors de l'eau. En effet, Eugène Lelouvier qui était sur un bout de coque flottant m’avait aperçu au loin et avait décidé de m’aider. Enfin, c'est ce qu'il me dit plus tard car je m'étais évanoui.

	Nous sommes restés là, à dériver pendant je ne sais combien de temps. Je crois même que nous avions un peu perdu la raison… Heureusement, la conversation se fit simple, bien que brève, nous étions encore sous le choc des événements.Vous ne pouvez pas imaginer ce que nous avons dû faire afin de survivre et je conseille aux personnes qui seraient dans mon cas de ne pas faire la même erreur que moi, c'est-à-dire ne pas suivre les conseils et essayer d'étancher sa soif en buvant l'eau salée de la mer.

   Après de longues heures d'attente, le tant attendu miracle se fut enfin produit ! Je discernais une forme, à l'horizon. Cela ressemblait en tout point à une île. Je prévins immédiatement mon camarade Eugène, j’étais à la fois excité et terrorisé, après tout ce que nous avions vécu, que pouvait il encore nous arriver ? Pourrions-nous un jour retrouver notre vie d’avant ?

    J'ai immédiatement compris ce que nous devions faire et ce qui pourrait nous sauver.
Après plusieurs longues minutes à ramer avec nos mains, nous arrivâmes sur cette île. Nous faisions peine à voir. Nous nous assoupîmes sur le sable chaud. C'était agréable.
   À notre réveil, nous étions entourés par des hommes aux accoutrements étranges: ils étaient habillés de la même façon qu'une civilisation maintenant disparue, dont j'avais entendu parler, les « Céléstiens ». Ils avaient une tenue blanche, ornée de tâches dorées et avaient un casque en forme de pyramide sur la tête.
Pouvez-vous imaginer comment je me sentais ? Après un naufrage, une balade en mer, nous allions être secourus...Enfin ! Mais un doute assaillit mon esprit. Étaient-ils des gens de confiance ? Qu’allaient-ils nous faire ?

	Pourtant quelque chose en moi me dit qu’ils n’étaient pas menaçants, au contraire, ils nous  soignèrent durant notre sommeil et nous invitèrent à manger en leur compagnie. Nous dûmes marcher plusieurs minutes afin d'arriver dans leur ville, en tout point somptueuse, elle n'avait rien à envier à nos bâtiments rustres et sans cachet. Je me plaisais bien en leur compagnie et c'est tout ce qui comptait sur l'instant. J'étais en vie.
Le buffet était phénoménal. Il ne finissait pas et j'étais réellement impressionné, ils savaient recevoir. Même si je doutais que cela leur arrive souvent. Nous apprîmes à les connaître, ils étaient fabuleux mais ne parlaient qu'avec des signes ce qui faisait que nous ne comprenions pas tout. La conversation se faisait limitée et surtout, nous étions obnubilés par les plats qui étaient devant nous, nous estimâmes que nous pourrions les remercier et essayer d'établir une vraie discussion  un peu plus tard. Après tout, ce n'est pas comme si nous étions enfermés sur une île pour une durée indéterminée, non ? 

	Plus tard dans la soirée, nous fûmes conduits dans de petits immeubles et nous pûmes nous reposer dans une sorte de chambre-bulle, sans décoration, avec pour seul meuble un lit. Je me sentais en sécurité alors que cet environnement était tout nouveau pour moi.Cela faisait du bien de se reposer et contrairement à d'habitude, je n'étais pas préoccupé, au contraire, j'attendais avec impatience la journée de demain.

     Le lendemain, nous nous rendîmes dans leurs habitations, qui d'ailleurs étaient beaucoup moins belles que l'endroit où nous avions dormi, je ne pus cependant qu'admirer leur altruisme. Au fil de la visite, nous remarquâmes des gravures et des peintures sur les murs : la bête qui nous avait précédemment attaqués sur le bateau était peinte en une dizaine d'exemplaires. Je fis immédiatement signe à mon compagnon Eugène, qui lui, continuait sans dire mot. Si vous voulez mon avis, il était stressé, il n'aimait clairement pas être confiné. 

   Les gravures racontaient qu’un Hollow était en fait une âme humaine qui était restée sur Terre afin d’accomplir une chose qui la préoccupait. Cependant cette dernière n’avait pas réussi à le faire dans les temps, et son âme s’était assombrie. C'était bien la bête qui nous avait attaqués un peu plus tôt. C’était à la fois fascinant et incroyable, je ne pouvais que le croire étant donné que je l’avais vue de mes propres yeux.
Les Célestiens vénéraient ces êtres et les considéraient comme des entités divines, il était interdit de les toucher et encore plus de les blesser. Nous étions donc « chanceux » d'avoir pu en voir un. Je jugeai donc sur l'instant plus intelligent de ne pas mentionner notre précédente rencontre avec cette bête.

    Un peu plus tard dans la journée, ils nous amenèrent voir la faune et la flore. Moi qui suis botaniste, je ne connaissais aucune de ces espèces. Je pus apercevoir des animaux que je nommai moi-même : Toupou, une sorte d'écureuil bleu ; Pithu, une chouette vert pomme et aussi un Scrub, un renard au pelage couleur violette.

	Les arbres étaient colorés et avaient une façon étrange de bouger. Ils agissaient comme des humains et se rapprochaient de tout ce qui les intriguait. Je les appelai les Tarak. Ne me demandez pas où je trouvais ces noms, moi-même je n'en savais rien. J'ai toujours débordé d'imagination. Ce qui me surprit le plus, c'était de ne voir aucun insecte alors que le milieu était un endroit propice à la vie.
      Dans l'après-midi, je me sentis fébrile, j'avais des vertiges et un sentiment de nausée, je décidai de piquer un petit somme. À mon réveil, je me retrouvai dans mon voilier Emma, complètement restauré et en compagnie d'Eugène Lelouvier. Nous ne nous souvenions pas de ces deux derniers jours, tout ce dont je me rappelais, c'était d'être tombé à l'eau. Je m'en souvins plus tard.
	Bien que brutale, cette expérience est pour moi un des meilleurs moments de ma vie et je donnerais n’importe quoi pour pouvoir revivre de pareilles sensations. Cela va au delà de l'imaginaire et je me demande encore si ce périple n'est que le fruit de mon imagination ou alors si je l'ai bien vécu.

8^e Prix : Clémence Barbé

Malheureusement le naufrage ne nous avait pas épargnés. Je sentis une légère tape sur l'une de mes joues, mon corps et mon esprit revirent à la raison. J'ouvris après quelques instants mes yeux, affaibli par le naufrage que nous venions de vivre. J'étais complètement paniqué mais à ma grande surprise mon ami Eugène Lelouvier était comme heureux d'être ici. Il paraissait émerveillé. Avec difficulté, je me levai, mes jambes étaient raides et ma tête tournait encore. En apercevant la végétation tropicale et la beauté de cette île, je me sentis apaisé et un sourire se dessina sur mes lèvres. Le paysage était magnifique, le ciel était d'un bleu perçant, j'eus le souffle coupé. Le sable doré étincelait à la lumière du soleil. Les arbres tropicaux étaient majestueux. Je sentis alors un parfum fleuri, cette odeur était si agréable, comme paradisiaque. Mon regard se posa alors sur mon compère, Eugène était dans le même état d'émerveillement que moi, il ne bougeait pas ce qui ne lui ressemblait absolument pas. Les minutes paraissaient être des secondes, c'est comme si sur cette île le temps s'arrêtait. Au bout de quelques heures, le côté aventurier d'Eugène refit surface. Il m'emmena découvrir l'île. Les arbres majestueux s'étendaient à perte de vue. Moi en tant que scientifique, je me dis alors que ce naufrage pourrait me permettre de faire une grande découverte. Nous nous enfonçâmes dans l'île et quelque chose en l'air m'attira. C'était un oiseau splendide de couleur magnifique. Il était de la taille d'un moineau et ne paraissait pas sauvage alors je m'approchai de ce dernier et celui-ci disparut étrangement. Je n'avais jamais ni entendu, ni vu ce si bel oiseau.
          Après quelques heures de marche, Eugène s'arrêta brusquement. Il me demanda de ne plus parler. Je compris que nous n'étions pas seuls .Nous avançâmes doucement et d'un seul coup Eugène me demanda de regarder au dessus de nous. Je vis tout à coup un homme en haut d'un arbre puis un autre, puis encore un autre . Nous étions encerclés. Mon cœur s'accéléra à une vitesse folle. Les hommes ne bougeaient pas et ne parlaient pas, ces hommes étaient semblables à des statues. Eugène prit son courage à deux mains et d'une voix assurée, il leur raconta notre histoire. Aucun d'eux ne bougea et personne ne prit la parole. Savaient-ils  parler ? Comprendre notre langue ? Tant de questions se bousculèrent dans ma tête. Je ne pouvais parler, j'étais terrifié alors je me contentais d'observer.
              Quelques instants plus tard, mon œil se retrouva attiré par une statue. Je demandai à Eugène de me suivre, tous les hommes se mirent à nous suivre en sautant à terre un à un. Ils étaient une centaine, mon ami me rassura et me dit qu'ils ne nous feraient aucun mal. Je n'avais bizarrement pas cette idée-là, j'avais l'impression que nous n'étions pas les bienvenus  sur cette île. En essayant de ne plus penser à cela, je continuai d'avancer et vis alors une multitude de statues, elles étaient monumentales. Leurs tailles étaient variées, à l’œil je dirais qu'elles mesuraient toutes entre trois et neuf mètres. Les statues étaient toutes en pierre, impressionnantes, possédaient toutes des yeux blancs fait de corail blanc et des iris rouges en tuf volcanique ou noir. Certaines d'entre elles portaient une sorte de coiffe. Eugène me dit alors que toutes ces statues lui faisaient penser à l'un de ses voyages, qu'il avait vu les mêmes et que c'était le symbole de l'île de Pâques. L'une des mystérieuses personnes s'avança en criant « moai ». Alors je me mis à chercher dans ma mémoire et je me rappelai d'avoir entendu parler de l'île de Pâques et de ces étranges statues. La civilisation qui avait construit ces statues avait mystérieusement disparu. Je compris alors qu'elle n'était pas morte mais ici sur cette île. Eugène s'avança vers l'homme qui avait totalement l'air d'être le chef de cette civilisation, il lui tendit la main, et l'homme l'attrapa avec gentillesse et lui embrassa. Je m’étais trompé, cette civilisation avait le cœur sur la main. 
	Après plusieurs heures à découvrir cette mystérieuse civilisation, nous comprîmes qu'ils comprenaient notre langue mais qu'ils étaient muets comme leurs statues. Il n'y avait que leur chef qui savait dire quelques mots. C'était fou comment avec leurs gestes légers et leur douceur nous avions l'impression de les comprendre mieux qu’une personne qui parle. Ils nous invitèrent avec bonté chez eux et nous donnèrent un bon repas. Nous nous sentions comme intégrés à leur civilisation. L'un d'eux nous montra comment construire une statue, comment lisser la pierre et la fixer. Cette expérience était magique et très enrichissante. Eugène, après quelques jours ici décida d'essayer d'identifier cette île encore inconnue par les géographes. Moi, heureux de cette nouvelle vie pleine de pureté, douceur et bonté je n'eus pas envie étrangement de participer à son projet. Nous ne savions absolument pas si nous arriverions à rentrer un jour en France. En même temps, Eugène fabriquait une magnifique et grande barque pour que nous puissions repartir après qu'il ait réussi à identifier cette île. J'essayais à tout prix de mon côté de comprendre cette civilisation si intrigante, pourquoi ils avaient quitté l'île de Pâques mais en vain. 
Alors chaque instant avec ces hommes mystérieux et géniaux était une expérience unique, j'en profitais car je savais qu’une fois parti je ne les reverrai jamais.

9^e Prix : Anaëlle Bertrand et Manon Lecoq

Soudain, j’entendis le bruit de la mer et je sentis le sable mouillé sur ma peau. J’étais donc bien vivant. Je vis mon camarade Auguste assis à mes côtés se lamentant sur notre sort. Je me relevai afin de reprendre mes esprits. Une fois que mon ami, submergé par l’angoisse, se fut calmé, nous regardâmes le paysage autour de nous. Nous étions sur une plage de sable blanc, il faisait encore jour, il y avait une immense forêt devant nous, sa végétation était incroyable et invraisemblable selon mon ami. Les arbres étaient presque aussi hauts que notre chère Tour Eiffel, le vert éclatant de leurs feuilles contrastait parfaitement avec les immenses fleurs rose fuchsia qui poussaient à nos pieds.  Nous décidâmes de nous mettre à couvert dans cette forêt. Nous nous enfoncions dans la forêt jusqu’à ce que j'aperçus une grosse fleur rose. Je décidai donc de m’installer dessus, Auguste fit de même. Il m’apprit que la fleur sur laquelle nous étions assis se fermait la nuit, nous pouvions donc dormir dedans. Auguste me proposa d’aménager du mieux possible la fleur afin que nous puissions dormir correctement. Je partis chercher à manger, je devais me dépêcher car il fallait que je revienne avant que la nuit ne tombe sinon la fleur allait se refermer. La végétation de la forêt était si incroyable, je n’avais jamais vu cela avant. Soudain j’aperçus un arbre dont les branches étaient couvertes de fruits s’apparentant à de grosses pommes mauves, j’en cueillis deux, cela serait notre nourriture pour ce soir. Je revins à la fleur avec les deux fruits. Après avoir mangé les pommes, nous nous installâmes pour la nuit. Auguste avait déniché deux énormes feuilles qui allaient nous servir de couverture. Nous survécûmes de cette manière durant deux jours au cours desquels nous observâmes d'innombrables animaux aussi étranges que magnifiques comme des gazelles aux poils arc-en-ciel ou encore des tigres au pelage d’un noir profond parsemé de rayures d’un jaune doré époustouflant. Au matin du troisième jour, je me réveillai tôt tout comme mon camarade, le soleil venait à peine de se lever. J’entendis soudain des bruits de feuilles remuées et de brindilles qui craquaient. C’était angoissant, je me sentais comme observé alors que l’île semblait inhabitée. D’un coup, la fleur s’ouvrit. Mon compagnon et moi-même étions face à un groupe d’hommes aux cheveux tout blancs et au teint halé qui nous menaçaient de leurs lances. Ils se jetèrent sur nous et nous attrapèrent violemment. Je me débattis et réussis à asséner un coup de poing dans le ventre de mon adversaire, il tomba au sol. Je sentis soudain la pointe d’une lance dans mon dos, je fus contraint de me laisser faire. Les hommes nous traînèrent dans la forêt jusqu’à une grande ville entourée de remparts. L’entrée ainsi que les remparts étaient gardés par des femmes aux longs cheveux bleus et au teint aussi halé que leurs camarades masculins. Les femmes gardant les fortifications étaient armées d’arcs et avaient des carquois remplis de flèches. Celles qui gardaient l’entrée étaient munies de belles épées aux manches incrustés de pierres précieuses. Les gardes nous traînèrent jusqu’à un magnifique palais, puis ils nous poussèrent dans un cachot sombre et humide. Je ne savais pas ce qui allait nous arriver mais cela ne présageait rien de bon. Quelqu’un me secoua, j’ouvris les yeux, je m’étais assoupi après avoir été jeté au cachot. La femme qui me secouait me donna l’ordre de me lever. Mon ami qui était déjà debout, attendait avec une autre garde. Je me levai puis demandai où nous allions, la garde me répondit qu’elle et sa camarade avaient pour ordre de nous emmener devant les souverains. Nous entrâmes dans la salle du trône, ce fut très impressionnant. Les murs étaient constitués de grandes feuilles vertes et la pièce était d’une hauteur impressionnante. Toute une assemblée de personnes nous dévisageait sans jamais détourner leur regard. Ils avaient l’air à la fois très en colère mais également fascinés. Les souverains s’assirent sur leur trône, ils nous fixaient durement. Je sentais une boule se former au creux de mon ventre. J’avais peur, peur qu’ils nous fasse exécuter pour avoir pénétré sur leur île. Le roi prit soudain la parole :

« Étrangers, comment vous appelez-vous et comment avez-vous découvert notre île ? 

- Je suis Eugène Lelouvier et voici mon ami Auguste Chevalier, lui répondis-je, nous étions à bord d’un voilier chargé de sel et nous avons fait naufrage au large de la Martinique. À notre réveil, nous étions sur votre île. Nous ne savons pas qui vous êtes mais nous ne sommes pas vos ennemis.

- Bien, vous n’avez aucune idée du lieu où vous vous trouvez ?

- Non, aucune, pouvons-nous savoir qui vous êtes ?

- Vous êtes sur l’île d’Atlantide, nous sommes les Atlantes, m’annonça la reine, je suis la souveraine Maïa, je gouverne cette île avec le roi Amaël, mon mari. »

Je fus ébahi après cette annonce. Cette civilisation était censée avoir disparu depuis des siècles. Et comment parlaient-ils notre langue ? 

« Mais comment se fait-il que vous parliez notre langue parfaitement, alors que vous êtes censés avoir disparus depuis très longtemps ? demandais-je. 

- Nous détenons tout le savoir de ce monde, nous connaissons toutes les langues existantes mais aussi les langues anciennes voire disparues. Ce savoir se trouve dans un livre très ancien, qui est conservé dans notre bibliothèque, me répondit la reine.

- Ceci est vraiment impressionnant. »

           Nous passâmes donc une grande partie de la journée à discuter de toutes les différences et points communs de nos deux sociétés qui étaient étonnamment nombreux. Les souverains nous apprirent que nous avions deux choix : nous pouvions rester chez les Atlantes et devenir des membres à part entière de leur peuple, ou, être exécutés afin qu’ils soient sûrs que nous ne révélions pas leur existence. Nous choisîmes sans la moindre hésitation la première option. Le roi nous informa que nous devions participer à un rite sacré de leur civilisation qui se déroulerait le soir même afin d’être rendus immortels et de faire parti des leurs. 
        L’heure d’accomplir le rite arriva, nous revêtîmes une tunique traditionnelle pendant que la musique retentissait. Les Atlantes entamèrent une danse autour d’Auguste et moi en chantant des paroles dont je ne parvenais pas à identifier la langue. Au fur et à mesure de la danse, ma vision se troublait. Je sentis toutes mes forces me quitter, puis plus rien. 
           J’ouvris mes yeux. Une sensation de bien-être prit possession de moi, quelque chose en moi était différent. Je me redressai et aperçus une jeune femme d’une beauté exceptionnelle adossée au mur en face de moi. Je lui demandai son nom, elle me répondit qu’elle s'appelait Leïla et qu’elle était l’une des servantes de la reine Maïa. Elle m’annonça que le rite avait fonctionné et que nous étions devenus immortels. Nous étions désormais des Atlantes. 


          Deux ans s’écoulèrent depuis le rite sacré, Leïla et moi étions désormais mariés.  Auguste, mon fidèle ami, faisait à présent partie des plus grands scientifiques de toute la cité. L’aventure me manquait énormément, j’avais besoin de combler cette envie. Je souhaitais partir de la cité quelques temps afin de partir à la découverte d’autres pays. J’en parlai à Auguste mais il me défendit de sortir de la cité et surtout d’en parler aux souverains. Cela ne faisait que renforcer mon mal être, je me sentais étouffé, comme enfermé dans une boîte et mon envie d’exploration ne faisait qu'amplifier.
	
        J’avais tellement envie de partir, ne serait-ce que pour une petite excursion en dehors de l’île. Je pensais que je devais en parler à Leïla, elle comprendrait sûrement que j’avais besoin de respirer, même deux jours. 
     
          Je décidai finalement de lui parler. J'attendis que l’heure du dîner et je lui expliquai :

« Leïla, tu sais j’adore notre vie à tous les deux mais les explorations me manquent, j’ai besoin de découvrir de nouveaux mondes, de partir à l’aventure, d’explorer de nouveaux horizons…

-Qu'essayes-tu de me dire, tu veux partir c’est ça ? Je pensais pourtant qu’être auprès de ta femme suffirait à ton bonheur, me répondit-elle les larmes aux yeux. Tu ne peux pas partir, notre peuple doit rester à l'abri du regard des gens, le roi et la reine ne te laisseront jamais partir.

- Je suis désolé, je ne voulais pas te faire de peine. Jamais je ne révélerai l'existence d’Atlantide, et je ne partirai que quelques jours. » essayais-je de la convaincre.

Le silence se fit pendant quelques minutes, puis Leïla me répondit avec un calme étonnant :

« Je comprends. »

Elle partit se coucher. Je ne tardai pas à la rejoindre. Je passai la nuit à réfléchir, j’étais totalement perdu.
Au petit matin, ma décision fut enfin prise, j’étais certain, il fallait que je parte. Seulement si je partais quelques jours et revenais ensuite, il était sûr qu’à mon retour je me ferai tuer pour trahison. Bien sûr, il fallait que personne ne soit au courant, y compris Auguste et Leïla. Le soir, je partirais dans la nuit pendant que tout le monde dormirait en laissant une lettre à ma femme pour lui expliquer mon départ précipité.

Le soir, je rentrai chez moi et m’apprêtai à préparer le dîner comme à mon habitude. Mais en entrant dans la cuisine, je vis mon épouse qui s’y affairait déjà. J’étais touché par son attention qui me faisait un peu culpabiliser par rapport à ma décision prise dans la matinée. Nous dînâmes et je priai pour qu’elle ne trouva pas mon baluchon pour mon départ. Puis j’allai me coucher et je m’endormis aussitôt car je ne pouvais supporter de regarder Leïla comme si rien n'était. 
Brusquement, une douleur foudroyante à l’abdomen me réveilla. J’avais de plus en plus de mal à respirer, mes membres se crispèrent un par un. J’essayais d’alerter Leïla. Elle était déjà là, elle me regardait, je vis des larmes perler aux coins de ses yeux. Je ne comprenais guère ce qu’il m’arrivait, mes yeux clignaient, je ne pouvais plus prononcer un mot.

Leïla me fixa et sanglota :

« Je suis désolée Eugène, mais j’étais obligée de t'empoisonner. Je ne voulais pas que tu me quittes, j’avais peur que tu ne revienne pas et je ne voulais pas prendre le risque que tu dévoiles l’existence de mon peuple au reste du monde. Je suis sincèrement désolée, je t’aimerai éternellement.”

         C’est sur ces mots que je m’éteignis.

10^e Prix : Antoine Lebailly

La lumière m’assaillit à peine les yeux ouverts. Moi, Eugène Lelouvier, aventurier de tous les dangers, ayant traversé une grande partie de ce globe, ayant vécu des aventures des plus palpitantes, j’étais en ce moment accroché à un mât de voilier échoué sur la plage. Je réussis à me décrocher y laissant contre mon gré une partie de mon gilet ayant lui aussi vécu de nombreuses aventures. Immédiatement après, un visage me revint en tête, celui de mon camarade botaniste Auguste Chevalier. Vous savez, il fait partie de ces personnes auprès desquelles vous ne vous imagineriez pas, mais dont le destin ne vous laisse le choix, en l’occurrence ici un scientifique plutôt  peureux, pessimiste, et dangereux sur les bords.
Mais je n’avais pas le choix, après tout c’était mon ami ! Et puis pour attirer les ennuis je crois que j’étais bien au-dessus de lui.

          Une grande masse verte attirait mon regard irrésistiblement depuis mon arrivée sur cette terre. En tant qu’explorateur, je cédai alors à mes désirs, et puis Auguste était peut-être à l’intérieur après tout. J’essayais bien évidemment de me convaincre moi-même. Je pénétrai donc dans cette immense masse verte, j’avais l’impression qu’elle allait m’avaler soudainement.
Quelle fut ma surprise lorsque je croisai des animaux, si on peut les appeler encore ainsi, possédant des capacités inconnues au monde, par exemple des pieuvres accrochées aux branches des arbres. Elles avaient pourtant gardé certaines capacités de leurs cousines sous-marines, comme celle de pouvoir éjecter de l’encre. À la différence près que celle-ci était fatale pour toute forme de vie. Certains animaux ressemblaient par contre en tous points à ceux que je connaissais, comme certaines araignées ressemblant aux Ségestries Florentines présentes en Europe mais l’idée de tester leur poison pour en être sûr me repoussait quelque peu. Parallèlement à mes découvertes et à la recherche désespérée de mon compagnon, un mal me prit au niveau de la tête et m’empêcha d’avancer. Des images que je ne comprenais pas défilaient de plus en plus vite devant mes yeux. Je n’y accordais pas beaucoup d’importance car je pensais que c’était un effet secondaire des vapeurs toxiques de l’encre d’une pieuvre des arbres.

          Puis je me figeai… Une image morbide venait de me passer par la tête, celle de mon compagnon, empalé sur un mât. Pris de panique, totalement désemparé je me mis à courir à toutes jambes vers la plage, avec un mauvais pressentiment… Arrivé près de la mer, je ne vis rien d’autre que son écume. Je fis le tour de la plage et trouvai les restes d’un voilier. Par prudence, je fis le tour de la coque, enfin de ce qu’il en restait, vérifiant ainsi mes doutes sur le nom du voilier. Il s’appelait Emma, c’était notre bateau venant de Cadix en Espagne. Mais qu’importe l’origine du voilier m’ayant emmené en enfer, ce qui m'importait plus que tout c'était revoir le visage de mon compagnon ! C’est alors que je décidai de pénétrer à l’intérieur de l'épave. La première chose que je vis, était le reste d’un piédestal, son mât avait sans doute été arraché à cause de la violence du naufrage. Je me dirigeai donc en direction de la cabine comportant la barre du voilier, qui était malheureusement enfoncée par le même mât dont j’avais vu les restes plus tôt, ce qui anéantit par la même occasion tout espoir de quitter l’île avec le voilier. Finalement je ne trouvai aucune trace de mon compagnon de voyage Auguste Chevalier ! 
          Je quittai donc cette épave en ruine et je me dirigeai machinalement vers des rochers contre lesquels s’écrasaient les lourdes vagues des Antilles. Je constatai avec surprise que cette partie rocheuse de la plage était beaucoup plus profonde que je ne le pensais. Puis je vis des éclats de bois, en les suivant, je découvris une large crevasse. C’est ici que je le trouvai accroché à une partie du même mât auquel je m’étais réveillé. Il était piégé entre trois rochers et le morceau de bois. Je décidai donc de faire rouler l’énorme poutre sur le côté, la brisant ainsi, non sans mal, puis je tirai Auguste de son ancienne prison, par la jambe, sans vérifier s’il avait des blessures. Je le posai alors sur le sable fin de la plage après avoir enjambé les rochers et je vérifiai sa respiration. Elle était régulière et profonde indiquant son réveil imminent. 
          En attendant je me mis à observer le ciel, rêveur, repensant à tout ce que j’avais vu depuis mon arrivée sur cette île. Des pieuvres des arbres, des araignées européennes cinq fois plus grosses. J’allais de surprise en surprise et j’avais le sentiment que ce n’était que le début.  Je commençais à vaguer de plus en plus dans mes pensées tandis que des ombres noires commençaient à planer au dessus de moi. Croyant que c’étaient de simples oiseaux, je n’y fis pas vraiment attention. Pauvre crédule que j’étais, comment avais-je pu penser une seule seconde que de simples mouettes pouvaient loger sur cette île ? Finalement ma naïveté me coûta bien des soucis car l’une de ces ombres planant dans le ciel se mit à plonger vers moi tandis qu’Auguste n’était toujours pas conscient. Dans un élan de curiosité suicidaire, je me retournai pendant que je tirai mon camarade par les bras, je pus apercevoir une sorte de perroquet faisant au moins la taille d’une raie, couverte de plumes avec un bec d’au moins un mètre de long possédant des dents acérées prêtes à me dévorer. L’animal, si on peut dire, avait aussi des pattes très petites au bout de ses ailes mais avec trois griffes de la taille d’un couteau. À défaut d’avoir eu notre peau, il prit ma sacoche contenant des bandages et une arme non chargée que j’avais récupérée dans le voilier. Peu de temps après avoir réussi à entrer dans la jungle avec Auguste, mes forces me quittèrent brusquement et une douleur m’envahit au niveau des dernières côtes de droite, je ralentis donc et me rendis compte que le grand oiseau m’avait non seulement pris ma sacoche mais aussi une partie de mon flanc !

          Après avoir constaté ma blessure, mes jambes me lâchèrent subitement et Auguste tomba brusquement de mes bras pour atterrir sur le sol vert de la jungle. Dans sa chute Auguste heurta malheureusement une branche qui était sans doute une racine de plante carnivore. C’est pourquoi, malgré ma difficulté à discerner les formes, à cause de ma blessure, je vis un monstre jaillir de terre dégoulinant de bave acide. Il était près à nous dévorer quand tout à coup, une ombre fine s’interposa et l’image du monstre en train de chuter fut la dernière chose que je pus voir.

          Quelques temps plus tard, je repris conscience et un grand plafond de paille s’offrit à moi. J’étais dans un petit bâtiment qui m’était à la fois inconnu mais avec lequel j’avais une impression de déjà vu. Je pris ensuite conscience que j’étais allongé dans un lit de paille qui étonnamment était confortable. Je tentai de me lever, ce que je réussis sans aucune peine me surprenant moi-même. Je jetai un coup d’œil à ma blessure ou plutôt mon ancienne blessure. Car même si je vis un énorme bandage à base de feuilles à ma taille, le fait que je me fus levé sans mal m’intrigua tellement que je retirai mon bandage à mes risques et périls. Et ce que je trouvai derrière me surprit plus qu’il ne devait me rendre heureux. Je ne vis rien. Aucune blessure, aucune goutte de sang, aucune infection mortelle, aucune cicatrice, juste ma peau dans le plus sain des états . Comment avait-on pu me soigner aussi efficacement ? Cette question me tourmentait. Je sortis de ce bâtiment et la lumière m’éblouit. J’étais dans une clairière où j’entendis des voix qui m’étaient incompréhensibles.
Je crus entendre des paroles :
«•♓•❖□◆••●♓•♏⌘•♍♏♍♓•♍’♏•♦•❑◆♏•❖□◆••♋❖♏⌘•♍♒♋■♑♏❒•♎♏••□●♓♍♏•♋●□❒••❒♏❍♏♦♦♏⌘•●’♋■♍♓♏■■♏••□●♓♍♏•♏♦•□◆♌●♓♏⌘•♍♏•❑◆♏•❖□◆••❖♏■♏⌘•♎♏•♎↑♍□◆❖❒♓❒✏»
Ces mots me confirmèrent l’idée que je n’étais pas seul. Plus je me rapprochais de la source sonore, plus une des deux voix me semblait familière. Cette élocution et cette intonation me rappelait Auguste et en effet c’était bien lui. Caché derrière un buisson, je l’écoutais se mettre en colère contre une sorte de vieil aborigène assez imposant qui lui répondait calmement jusqu’à qu’il sentit ma présence et se mit brusquement à hurler :
«♍♏♍♓•■’♏•♦••♋••◆■♏•♦❒♋♎◆♍♦♓□■•♍♋♍♒↑♏•♐♋♓♦♏••&◆•♦♏•❍♋❒♍♒♏❒•❖□♦❒♏•♓❍♋♑♓■♋♦♓□■».
          Devant tant de…menaces ? je sortis  de ma cachette. En conséquence, Auguste eut un regard surpris. Puis un sourire se dessina sur son visage et enfin une joie intense le poussa à me sauter au cou pour m’enlacer. Devant mon incompréhension, il m’expliqua la situation.
Lorsque je fus tombé à terre à cause de la douleur que provoquait ma blessure, Auguste se réveilla en tombant de mes bras. Il put donc voir la créature chuter, grâce à un semblable du vieil aborigène. Ce semblable l’avait frappé à des endroits pour l’assommer avec une sorte de couteau à base de plantes, et nous ramena au village en évitant tous les dangers. Auguste avait pris le temps d’étudier la faune et la flore de l’île et puisque il était accompagné d’un garde du corps. Il ressortit de sa traversée de la forêt avec une meilleure image de l’île même s’il était clair que c’était sûrement parce qu’il est botaniste. Puisqu'il était trop occupé à me raconter ses découvertes, j’ai dû trouver la suite tout seul : une fois arrivé ici, on me soigna.
        N’écoutant plus le monologue ennuyeux d’Auguste, je me tournai alors vers l’homme que je pensais être mon soigneur, le vieil aborigène. Ayant déjà observé les tentatives de contact qu’avait faites Auguste, je décidai de réaliser un geste de soumission simple et compréhensible pour remercier cet homme, je m’agenouillai donc devant lui et je baissai les yeux. Puis je me relevai et me retournai pour retrouver mon compagnon, qui était assis à une grande table en train de manger en compagnie des gens du village.
           Je pris à la suite de ce repas la décision de stopper mes recherches d’évasion  de l’île et de rester plus longtemps, je voulais découvrir un nouveau mode de vie, une nouvelle culture. Au bout de trois semaines de vie en harmonie avec la tribu je compris  leur mode de vie et de pensées
 : ils priaient pour des divinités : dieu de la terre, déesse de la mer, dieu du soleil, dieu de l’air, déesse du feu mais vivaient pour eux-même. Ils chassaient pour se nourrir mais avaient un profond respect pour la vie et enfin, ils avaient développé de grands talents de botaniste et réalisaient différents types de remèdes pour différents maux . Leur civilisation était hiérarchisée simplement : le plus sage et le plus respecté était le chef, celui-ci pouvait compter sur des subalternes pour l’aider dans ses tâches. Aucune jalousie, ni rivalité n'animait cette tribu, le respect était le mot d’ordre. Les familles s’organisaient autour des ancêtres sur qui reposaient la transmission des savoirs. Tout me semblait calme, reposant, humain. Des moments joyeux, conviviaux et festifs animaient la tribu lors de fêtes des divinités, ou d’anniversaire, de mariage, car ici tout était partage. En somme une ode à la vie. 
Puis vint ce jour. 
          Je ressentis une douleur au niveau de mon flanc puis je me mis à cracher du sang. Les aborigènes commencèrent à s’affoler. Je courus jusqu’au logis le plus proche, je découvris des inscriptions sur un mur, et derrière moi une ombre que je connaissais, elle me dit:
« C’est beau hein? Moi aussi je viens chaque soir m’y recueillir!»
Surpris, je lui demandai comment elle connaissait ma langue, il me répondit:
« Pour la simple et bonne raison que je suis comme vous, j’étais un scientifique français venu en Amérique pour étudier les mayas et comme vous je me suis échoué sur la bonne île puisque ces aborigènes en sont les descendants. Comme vous m’êtes sympathique, je vous ai sauvé et amené ici.»
Je ne savais pas quoi dire devant tant de révélations si ce n’est quelques informations sur les effets secondaires des soins que l’on m’avait apportés. Il m’expliqua que mon corps ne s’était pas encore adapté aux plantes originaires de cette île qui étaient utilisées dans les soins et que, par conséquent, il pouvait faire des rejets comme ce que je venais de vivre. Je le remerciai grandement. Comme dernier service il me donna son ancien bateau perfectionné avec les matériaux présents ici, il appelait cela une •♏❒♍♓•♎’♋❖□♓❒•●◆, ainsi que des vivres me permettant, avec Auguste, de revenir en Europe. 
	Aujourd’hui encore je remercie le ciel et ce scientifique de m’avoir aidé car sans eux je ne pourrais pas écrire ces quelques lignes sans avenir, contrairement à moi qui en ai un maintenant, grâce à eux. Je garderai en mémoire à jamais cette incroyable aventure, une civilisation pleine de valeurs que notre civilisation a perdu depuis bien longtemps!

Les textes primés du deuxième concours littéraire Jules Verne

1er Prix : Célia Moisseron et Agathe Lemercier - Prix de la Société des Écrivains Normands

2e Prix : Tiffanie Hamelin - Prix de la ville de Domfront

3e Prix : Alex Belloche et Kévin Guénanten - Prix du lycée Auguste Chevalier

4e Prix : Léa Thierry - Prix Créavenir du Crédit Mutuel

5e Prix : Louise Bouchard - Prix de la famille Lelouvier

6e Prix : Cyllian Jouvencel

7e Prix : Jules Simier et Léa Manchon

8e Prix : Clémence Barbé

9e Prix : Anaëlle Bertrand et Manon Lecoq

10e Prix : Antoine Lebailly