Le secret de l’être (2/3)

La question de l’être

Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? [1] Quand cette question vient à traverser l’esprit, les choses perdent leur évidence banale et la pensée se trouve jetée dans le plus grand l’embarras. La pierre, l’animal, l’homme, le monde dans sa totalité, tout cela est. L’être, voilà la merveille des merveilles, mais comment s’expliquer le fait que les choses soient ? De quel fondement l’étant en son entier est-il issu ? Les Grecs de l’Antiquité furent les premiers à poser cette question du fondement de l’existant pris dans son ensemble. Partant, ce furent les premiers à se heurter au mystère de l’être, à l’énigme de son jaillissement hors de la nuit du non-être.

La philosophie et l’étonnement qui la porte naissent à l’occasion de ce mystère et de l’incompréhension qu’il provoque. L’homme est allé sur la Lune, il ira sur Mars et plus loin encore. On ne saurait a priori assigner de limites à son exploration scientifique de l’Univers. Jamais cependant il n’élucidera l’énigme de l’être, jamais il ne justifiera la déconcertante présence de ce qui existe. Cette présence est en toute rigueur inexplicable. Et pourtant, penser cette énigme et en rechercher la solution fut la préoccupation fondamentale des premiers penseurs grecs et c’est encore elle qui tient aujourd’hui l’homme en haleine.

Qu’en est-il de l’être des choses ? De l’être de l’homme ? De l’être de l’étant en son ensemble ? Telles sont les questions radicales qui régissent la pensée occidentale dans son commencement historique et s’imposent encore de nos jours aux scientifiques et aux philosophes. Elles indiquent le chemin vers le milieu abyssal de tout existant, vers le nombril à partir duquel l’être vient à l’existant. Et c’est bien parce qu’ils furent les premiers à poser la question unique qui domine tout, celle du fondement de l’étant dans sa totalité, que les Grecs anciens rayonnent en avant de tout ce qui a pu être atteint jusqu’ici.

À suivre...
Le secret de l’être (3/3) : Dans la proximité d’un mystère impénétrable.
Piet Mondrian, Composition, 1916, Musée Guggenheim, New-York.
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Notes

[1Cette question est posée par Gottfried Wilhelm Leibniz dans ses Principes de la nature et de la grâce fondés en raison. (Œuvres philosophiques de Leibniz, t. 1, éd. Paul Janet, Paris, Félix Alcan, 1900, p. 727).