Madame Folgard (texte libre de Charles Jordan)

Je me rappelle de notre rencontre dans la cour de l’école, vous nous aviez tout de suite mis en confiance avec votre gentillesse. Il me revient à l’esprit une lecture que vous nous aviez récitée, vous lisiez si bien ; et je rêve un jour de lire comme vous le faites. Avec votre présence, le mot école prenait tout son sens ; je m’impatientais chaque matin de vous revoir pour une nouvelle journée de cours car vous aviez une façon si originale de nous apprendre les leçons. Je ne me souviens pas vous avoir vue ne pas être présente chaque jour, car vous teniez à être là pour apporter quelque chose, et c’est cela que j’ai trouvé incroyable chez vous. Quand nous vous croisions dans la rue, nous vous saluions poliment et vous complimentions sur votre façon de travailler. Vous essayiez toujours de comprendre nos problèmes avec attention car votre souhait était de nous voir heureux et joyeux plutôt que malheureux. Je me remémore les punitions données, sévères mais toujours justes, votre impartialité envers nous tous m’a surprise ; c’est pour cela que je vous admire. Vos sorties en plein air étaient ludiques et pédagogiques en même temps.

Votre façon d’écrire était elle aussi extraordinaire : elle était si lisible et si bien orthographiée ; le tableau était toujours bien organisée avec le cours d’un côté, les exercices de l’autre. Votre sens de l’humour m’a étonné pour un professeur aussi strict que vous. Et c’est en fin de première année avec vous que vous êtes tombée malade et que nous avons eu un remplaçant. Vous restiez des mois chez vous pour suivre un traitement et quand tout allait mieux, nous étions partis dans la classe supérieure. C’est pour cela que je voudrais vous remercier pour cette année passée avec vous. Merci du fond du coeur.