Au firmament ; Considérations ; etc. (textes libres de Geoffroy Cormier)

Au firmament

Un rayon de lune s’est posé sur moi
Papillon argenté sur une masse ténébreuse
Je le vois, tente de l’attraper
Mais il fuit de toute sa grâce.
Peu à peu il s’envole
Et retourne au firmament
Là où d’autres papillons
Luisent doucement.

Etoiles, ô étoiles, pourquoi êtes vous si loin ?
Pourquoi me refusez vous en votre sein ?
Peu à peu, anéanti, je m’en retourne,
Ombre parmi les ombres.

Considérations

Et les partis sont corrompus :
Elle est partie, son corps rompu.
Pourquoi es-tu venue ?
Pour quoi, étuve nue ?
Elle n’a pas pu l’éviter,
Hélène, appas, put léviter :
Eux, fées rosses, qui l’abattirent
Å’ufs féroces qui la bâtirent.
Lent faon éperdu,
L’enfant est perdu.

Ultima Verba

Je vois la grande bouche de la mort se tordre
En un rictus effrayant ; elle va me mordre !
Elle s’approche lentement, tout doucement
Pour me dévorer, me consumer sûrement !

J’ai peur, je tremble comme feuille dans l’attente
Elle me survole, là ! patente ! évidente !
Telle une épée de Damoclès, elle va fondre
Sur moi et m’emporter dans un royaume d’ombres.

Tout s’obscurcit, je ne vois plus rien du tout
Le monde a disparu, c’est le néant partout
Un sombre et profond puits dans lequel je m’enfonce
Le néant m’aspire, en ma tombe je m’engonce.

Soudain perçois-je une ombre plus noire qui passe
C’est sûr, c’est elle, elle me traque, elle me chasse
Mon esprit court, mon esprit fuit l’impitoyable
Je ne veux pas, je refuse l’inéluctable !

Enfin je vois son pâle squelette drapé
Sur mes lèvres elle dépose un froid baiser
Je sens mon âme se séparer de mon corps
Tout est fini, rien à faire : je suis mort !

Träume

Un chat dont la queue se balance
Le vol d’une hirondelle
Le chant des sittelles
Un oiseau vole avec nonchalance
Passe une longue heure
Et ... un poète rêveur.

Une ville sous les flots
Le navire est englouti
Belle est l’homélie
S’élève un triste sanglot
Un homme dans le champ des pleurs
Et ... un poète rêveur.

Une nuit d’hiver
La montagne est fraîche
L’ours dans le torrent pèche
Une pensée amère
Un petit malheur
Et ... un poète rêveur.

Une valse triste
Les feuilles tombent
Le vent dévale la combe
Un cœur s’attriste
Un beau champ de fleurs
Et ... un poète rêveur.

Une virevoltante valse
La danse est épuisante
La chaleur écrasante
Un bucolique palace
Un jour plein de saveurs
Et ... un poète rêveur.

Un profond sommeil
Le rêve est doux
La fin un dur coup
Un difficile réveil
Une agréable torpeur
Et ... un poète rêveur.

Déplacé diverticule

De mes rêves oniriques
Sur ma terre de tellure
Et ma profonde blessure
Une douleur empirique

De mes désirs disparus
Une lente kyrielle
Douce flaque de miel
Tant abrupte qu’impromptue

De la sylve lumière
La sombre exorcisation
La coupable rédemption
Sourd le tendre songe amer

De ma haine consumée
Une rage terrifiante
Une colère impuissante
Un chagrin renouvelé

De l’esprit le synopsis
Est une lourde syncope
Et ma pensée cyclope
Contemplant la mienne abysse

Par le sang et par l’épée
De la flamme dévorante
Qui mouille l’âme imprudente
Un monstrueux forfait

L’or érodé mouvant l’art
L’ascension, sain sentiment
Dont l’attente tend le temps
Vin verni des avatars

De mes frasques oubliées
L’ancienne et altière tare
L’anachronique retard
Un éternel effacé

De l’existence alanguie
L’achevée volonté
Sillage dissimulé
L’enivrante et vaine envie

Fin renard causeur de torts
De la peur se nourrissant
Dans le doute rêvassant
Délétère ami retors

Du début inachevé
L’hégémonie incertaine
La didactique phalène
La fin toujours écartée

De l’ultime digression
Les miasmes corrosifs
Les murmures décisifs
La mort, mur de ma vision.